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J’évoquais récemment en ces pages le quatrième album des parisiens de Tales And Remedies - Soak my Soul into the Sea - Pt. 1 -, dont je dressais les louanges (le mini-tube Home fait des boucles dans mon esprit distingué) sans avoir compris qu’il faisait partie d’un diptyque, alors je profite de cette belle soirée printanière pour combler mes lacunes, et en conséquence les vôtres.

A l’inverse du premier volume, c’est Rue Horne qui se colle au chant, et Joanna Kirk passe aux chœurs : en tant que comptable (mon job alimentaire), je ne peux qu’apprécier cette symétrie d’un disque l’autre, qui traduit une confiance certaine chez un groupe sûr de ses admirables moyens.

Time is just a lure, superbe ballade au titre trop réel (le temps qui passe, passe et ne revient jamais, quelle saloperie), s’adresse directement aux poils de nos avant-bras et à nos nuques fatiguées, tant la mélodie est belle et pure : il en va ainsi des onze morceaux de Soak my Soul into the Sea - Pt. 2, qui délivrent chacun leur lot d’arrangements puissants – arpèges de piano, montées de sève, pluie de cordes suaves, batteries amples et harmonies vocales au bord du gouffre –, portés par la voix superbe, légèrement voilée et parfaitement dosée de Rue Horne, entre un Antony Hegarty débarrassé de ses tics, un Thomas Dybdahl privé de tranxene et ce bon vieux Nick Drake.

Quand on savoure Rythms of Sadness, la seule question qui se pose est : nom d’un chien, au vu d’une telle ambition artistique, suis-je en train d’écouter un groupe français sans label ? Rêve-je ? Mes compatriotes sont-ils sourds ?

Le reste de Soak my Soul into the Sea - Pt. 2 est à l’avenant et nous transporte d’un bout à l’autre, de très haut en très bas, du minimalisme à l’orchestral, pointilliste jamais pointilleux, sans jamais perdre de vue un sensibilité à fleur de peau. After All, dans sa simplicité nue, lumineuse et désarmée, colle ce genre de sourire triste et confus que l’on arbore malgré soi après un gros chagrin, quand - tout à coup - cordes et chœurs éclatent, et alors on se transporte sur une scène à Broadway, à chanter notre vie déchue que l’on parvient malgré tout à trouver importante, parce que c’est notre seule et unique et imparfaite vie, que personne ne vivra à notre place. Grâce à Tales and Remedies, nous voilà à la fois étoile d’un soir et assis au premier rang – quelle merveille.




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