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Premier album pour le quatuor bastiais Berthe, publié sur le label corse Lake Of Confidence (North Frequency Canal, Valediction, M A R) : malgré un titre qui suggère l’inverse - la polarité évoquant l’opposition de deux pôles distincts -, cet opus fait preuve d’une très belle cohérence, tribut à la musique moderne binaire puisant ses racines dans la new wave, l’électro-dark et le krautrock.

Après un inaugural Baobab Bifteck instrumental, dont la guitare électrique entêtante se fraie un sinueux chemin au milieu des arpèges de synthétiseurs et des beats climatiques, Polarité déroule le tapis rouge à des compositions sur le fil du rasoir, dont les basses répétitives et les lacérations soniques accompagnent avec pertinence le chant parlé poétique d’Olivier Bertholet, à l’image d’un morceau éponyme sec comme un coup de trique. Avec Golo, introduit par une trompette planante, le groupe bat le rappel des troupes en mode night-club, it’s time to sauter sur place. Si influences LCD Soundsystem il y a, Berthe sait perpétuer la tradition des crooners hexagonaux, avec un sensuel Amours Analogues qui sertira avec une intense délicatesse vos fins de soirées.

Production homogène, certes, précise et crépusculaire, mais variations climatiques à prévoir, comme sur ce Coquetteries Modulaires qui fait penser à du Jean-Michel Jarre pimpé au disco kraut funk - Laurent Gueirard (basse, percussions), Jacky Le Menn (guitare, synthétiseurs) et Pasqua Pancrazi (machines) maîtrisent parfaitement leur sujet. Il faut dire que Polarité a été mixé par Luc Rougy, aux manettes derrière des pointures telles que Flavien Berger, Nicolas Ker et Biche.

Après un aparté en anglais, mélodies vocales à l’appui, sur un Like You hommage à un autre quatuor fameux, from Basildon, Cannibale enfonce le clou d’une nébulosité martiale et néanmoins groovy, avant que Madame, un des sommets de l’album, ne tisse sa toile disco post-punk matinée de PIL, puis c’est le repos, le répit, le récif des repus, le lit, la lysergie, la liesse triste avec le conclusif Camper Van, moelleux à souhait. Polarité est le reflet lucide de sa pochette, concoctée par Lib’R et Sam Curtis : félin classieux phagocyté par une noirceur néanmoins avenante, Berthe se met en scène sans forfanterie ni fioritures et nous offre un album à l’épure tout à fait recommandable.




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