> Critiques > Labellisés



L’été, saison de rattrapage musical par excellence, d’autant plus quand le temps est maussade, le portefeuille vide et la ville impraticable (saloperie de Jeux Olympiques dont tout le monde se contrefout et qui n’enrichiront que les riches). En tête de ma liste figure Bateau, le nouvel album du grenoblois David Litavicki, alias Bleu Russe (minute culturelle : le bleu russe est une race de chats originaire des pays froids) : dix-sept shots cheap de what the fuck électro hip hop imbibé de samples, de collages sonores et de textes caustiques parfois glaçants, qui s’avalent d’une traite, accrochez-vous au bastingage. Riche de nombreuses collaborations (Biscornue Bitch, Vestale Vestale, Les Berges du Ravin, Les Chevals Hongrois, Muda et Mc Sex & Sun), Bateau nous invite à une croisière sur une montagne de déchets, y compris idéologiques, afin de contempler le monde tel qu’il est (moche), ce qui n’exclut pas d’en rire (jaune). En mode do it yourself, les compositions de Bleu Russe, volontairement basiques – toutes en spontanéité : un beat, une boucle, on balance le flow –, lorgnent vers le rap conscient, ascendant nihiliste, entre rejet des normes et dénonciations sociétales, arrosé d’une certaine dose d’autoanalyse – pas pour rien que le Grenoblois met en musique le Cantique de l’Espoir de Grisélidis Réal. Si, à distance, Bateau peut paraître fun (le visuel débonnaire ; certains intitulés – Le Zboob, Sardine à la Sauce, Grève d’Organe ; l’éclectique catalogue du label Moulbert Records, qui héberge également Les Campistrons et Saloon Bichon), ce n’est pas du tout le cas, tant Bleu Russe – jusque dans ses saillies humoristiques – ne desserre pas les dents. Pavé dans la mare, pavé dans la tronche, avec Bleu Russe au gouvernail, Bateau vous entraînera sur une bien houleuse mer mentale.




 autres albums


 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.