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Début juin sortait La Pluie, le nouvel album solo du parisien Hugo Jehl aka Hugo TSR (TSR pour « Tuerie Sur la Rythmique » ou « Tise, Shit et Rap », on ne sait pas – ça pourrait tout aussi bien être une référence ironique aux affreux sirops Teisseire, non ?, figure du rap indépendant (néanmoins disque d’or avec Tant qu’on est là et Fenêtre sur Rue) née dans le 18ème arrondissement (qu’il compare malicieusement à une prison) et conducteur de train – métier évoqué de manière tragique et fictionnelle sur Jeudi, son précédent opus. Si, à la force du flow et d’un purisme inattaquable, Hugo TSR est désormais un daron de la scène hexagonale, il n’en reste pas moins conscient de sa position à part, entre refus du bling bling et critique des clichés gangsta 2.0 : s’ouvrant sur Tombé du ciel, instrumental minimaliste et mélancolique évoquant Le Petit Prince, sur lequel Hugo engage avec un enfant un savoureux dialogue, La Pluie s’appuie sur une production old school éloignée des tics de l’époque – pas d’auto-tune ni de surcompression, les beats et les textes claquent, aiguisés, comme sur le nostalgique Aviator, profession de foi et bilan sous forme de constats ravageurs : on a affaire à un artiste sur le fil du rasoir. En quatorze titres truffés de références cinématographiques, vidéoludiques, sportives et historiques, La Pluie se fait l’observation lucide d’un monde qui va de travers, un monde immobile (« Faire du surplace, c’est devenu une fin en soi »), un monde nihiliste, ce qu’en aucun cas n’est Hugo TSR, qui sans perdre espoir se range du côté des petits, des démunis, de ceux qui vivent sous les radars. Minimalistes, à l’os, rythmiques épurées, boucles de synthétiseurs et samples sobres, les arrangements servent à merveille le propos, à l’instar d’un Lake City sous perfusion John Carpenter. Formule gagnante que ce ni trop ni trop peu inventif, mariant une scansion énervée à des textes sensibles / caustiques et une production mate à la fois 90s – notre homme a grandi en écoutant les compilations Rapattitude – et ultra contemporaine – aucun scrupule, la marque d’une grande ouverture d’esprit : sonorités volontairement mièvres, arpèges en mode mineur, samples hors sol et toujours pertinents. D’une honnêteté crue, sans fard ni effets de manche, balle perdue à l’intention des guignols et des hypocrites, La Pluie plombe puis rassérène et amuse : « Là où les journalistes se croient au safari, je leur jette des pierres, je leur dis qu’ici c’est pas Thoiry, me compare pas aux autres, ce que je vais percer, c’est pas l’ozone, Hugo c’est mon prénom, pas besoin d’un blaze de mafiofo ». En une seule punchline, Hugo TSR renvoie dos à dos la bourgeoisie culturelle urbaine fantasmant (en vain) sa street cred et les clowns de cité en mode Scarface : tout est dit.




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