Ma vie est passionnante. Hier soir, j’avais – sans grand enthousiasme – prévu d’écouter Ritual, le dernier Jon Hopkins, mais une chronique assassine et super marrante lue sur le site de nos confrères Indie Rock Mag m’en aura dissuadé, à tel point que j’ai préféré consacrer deux heures à la nouvelle vidéo du youtubeur The Great Review, consacrée au jeu Outer Wilds et, plus particulièrement, à l’extension Echoes of the Eye, parue en 2021. J’avais en ces pages et dans l’indifférence générale évoqué le travail d’Andrew Prahlow sur la bande son d’Outer Wilds, tant pis pour vous, j’en remets une couche. En effet, les compositions accompagnant les nouvelles pérégrinations de notre astronaute enquêteur – reprenant parfois certains motifs connus, afin d’assurer la filiation entre deux jeux qui par ailleurs s’imbriquent – m’ont rappelé O combien j’étais envoûté par l’expérience proposée par les développeurs, son implacable scénario tout autant que l’enrobage visuel et sonore ; le gameplay un peu moins, je n’ai ni patience ni sens du timing. Sur The Lost Reels, vous trouverez bien entendu la bande son originelle de Echoes of the Eye, une série de vingt-trois courts instrumentaux mélancoliques et brumeux, mais surtout – et c’est là où je veux en venir – une sorte d’empire dans l’empire, constitué des six derniers morceaux, variations enrichies qu’Andrew a enregistrées ultérieurement, pour rendre hommage à une œuvre et des personnages qui l’avaient profondément marqué. Ainsi, la quarantaine de minutes s’écoulant entre Last Dream of Home et Older Than the Universe est une symphonie spatiale ambient, post-rock et expérimentale, c’est riche, c’est brillant, c’est contrasté, agencé avec finesse, d’une minute l’autre l’on ne sait jamais où Andrew va nous entraîner, dans le vide (le désespoir, tout a une fin) ou vers la vie (profitons, les amis), c’est cadeau (écoutez au moins The Spirit of Water), c’est la rubrique « Il y a des perles cachées dans les jeux vidéos ». Et en parlant de perle, concernant Augustin Heliot alias The Great Review, sachez que le type a fait sur Youtube presque 5 millions de vues avec une vidéo de deux heures durant laquelle il raconte son expérience dans Outer Wilds, plutôt balèze, non ? Sa grande particularité, c’est qu’il prend le temps de raconter une histoire, avec finesse et conviction (même s’il gagnerait à épurer son langage - Augustin est un millenial, il en a le vocabulaire et la diction, compris frérot ?), laissant parfois le silence s’installer, et ça fait vraiment du bien, le silence. Peut-être parce que le silence est la condition sine qua none de l’existence de la musique. Mouais. J’en sais rien, je ne sais pas comment clore ma chronique. Tant pis.