Charmés nous fûmes il y a deux ans par le premier album du groupe rouennais Planterose, mené par la talentueuse chanteuse et claviériste Florence Biville-Ridel, mais attention, le rédacteur en charge de la chronique chez ADA nous avait prévenus : « Si vous pensez humer le parfum d’une fleur docile, n’oubliez pas que les pétales tiennent sur une tige pleine d’épines. » Il faut dire qu’avec malice les piquants Planterose se jouent des étiquettes : de références cinématographiques surannées (Bullitt, L’Homme de Rio) en crossover pas si improbable que ça (Flavien Berger et Stereolab meets Serge Gainsbourg), Florence et les garçons – Nicolas Ridel (basse, claviers), Thierry Douyère (guitares, claviers), Eric Labouille (batterie, percussions) – continuent de brouiller les pistes, avec un Nouveau Ministère à l’intitulé espiègle et aux textes acidulés / acides, très acides. À la croisée des chemins entre pop ligne claire du début des 90 s et variété rétrofuturiste, teintée de lounge, de grunge et de psychédélisme, les neufs morceaux de ce nouvel opus, du catchy Ton Essence Adorée au ternaire Ton Héritage, en passant par la ballade groovy Ni Froid Ni Chaud ou l’échevelée La Somme, font la part belle aux mélodies ciselées, aux guitares arpégées et aux orchestrations savamment dosées – ni trop ni trop peu. Livrant un album enjoué et néanmoins mélancolique, le quatuor normand est désormais une valeur sûre de la pop hexagonale, et ce Nouveau Ministère, au contraire de celui mollement élaboré par notre gouvernement, mérite que l’on écoute ce qu’il a à dire.