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  • 5 novembre 2024 /
    Memorials
    “Memorial Waterslides” (Fire Records)

    rédigé par gdo
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Après deux bandes originales Women Against The Bomb et Tramps ! , une tournée avec Stereolab (les docteurs Jekyll et Mister Hyde l’un de l’autre) et une nouvelle commande musicale du Centre Pompidou à Paris, Verity Susman and Matthew Simms (deux ex Electrolane et Wire) se sont enfermés chez eux afin de parfaire les morceaux de Memorials Waterslides (Nom tiré d’une affiche du Austin Dyke March) qu’ils avaient échafaudés pendant l’écriture de leurs différentes commandes. Dés lors, il fallait répondre à cette question, sommes nous toujours prêt à écouter un disque pareil. Car si l’envie de vivre une expérience monotone et monocorde en écoutant un disque fait naître chez vous des papillons dans votre vendre, passez votre chemin et allez plutôt vous asperger d’une eau avec mémoire afin de soigner votre état de mort social. Memorial Waterslides est comme un manège qui nous transformera en rat de laboratoire, retournant faire la queue pour un nouveau tour, à peine la fin de l’expérience ludique.

Le disque commence par Acceptable expérience. Stereolad y rencontre Nico dans une boite à Manchester conçu à la gloire de Ray Manzarek. On y danse avec des pulls aux manches démesurées qui lèchent le visage des autres danseurs, comme un ballet hypnotique que Warhol aurait filmé avec délectation. Suivra Lamplighter, une comptine sortie de la tête de Stuart Murdoch de Belle and Sebastian écrite en temps réel par quelqu’un qui prendrait progressivement des doses de plus en plus fortes d’amphétamine et qui finirait par voir un mur tutoyer sa rétine. Arrivera ensuite Cut it Like a Diamond, une longée dans les abîmes les plus terrifiantes. La basse comme outil de pression. À écouter un soir de virée sur une autoroute vide de monde, vide de sens défini par une quelconque signalétique. Name Me sera une caresse dans les nimbes d’un salon romains transposé dans une faille sous l’océan. Puis, Memorial Waterslide II nous donnera l’impression d’entrer dans une cellule pour y subir des expérimentations sonores à base de free jazz syncopé afin de tester votre patience. Virgules musicales qui se multiplieront tout au long de l’album (False Landing qui va s’étendre vers une création que l’on imagine venant d’une terre insulaire baignée par le soleil, ou I Have Been Alive et son escapade futuriste et noire vers une folk crépusculaire) sans jamais donner la sensation de remplir, mais plutôt celle de nous perdre en nous happant (concept philosophique que je ne vais pas tenter de développer, mais qui fera référence pour les générations futures). Avec Book Stall, ce sera un retour à la surface. Le son se fait plus sourd, moins accueillant, il y a quelque chose qui semble ici nous menacer, et Memorials sur ses gardes signe un morceau tout aussi effrayant que fascinant. Horse Head Pencil sera le premier morceau chanté par un homme, et son cœur vahiné. Alors, The Politics Of Whatever sera le morceau qui invoque le divin pour soigner nos corps et nos âmes plongés dans des abîmes de désespérance. Cette fin n’est pas à l’image d’un disque qu’il est d’ailleurs impossible de ramener à une statue ou à une icône. C’est un disque traversé par quelque chose que nous percevons, mais qu’il est impossible de nommer. Énorme, disque cinglé ou expérience créatrice débridée, ou plongée dans un inconnu peuplé de sirènes tentatrices.




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