Les compilations ADA, ou le summum du bon goût. Évidemment que les bordelais Cosmopaark ne pouvaient échapper à nos oreilles averties : avec un blaze pareil, on pense au génial Paranoid Park de Gus Van Sant tout autant qu’au glaçant Luna Park de Pavel Lounguine, soit la certitude que non, la vie en plein air n’est pas dénuée d’aventures mortifères. Citadelle du grunge et des stridences fuzzy mélodiques, la belle endormie fait aujourd’hui florès, favorisant l’émergence d’une scène freestyle et décontractée, à l’image de Th Da Freak et autres chevelus violets aux idées sans frontières. Formés en 2018, les stakhanovistes Cosmopaark ont explosé Spotify avant de publier l’année dernière leur premier album (And I Can’t Breath Enough), et déjà ils nous reviennent avec un nouvel EP, produit par l’inamovible Pierre Loustaunau (Petit Fantôme). Backyard voit le trio – Clément Pelofy (chant, guitares), Wanda (basse) et Baptiste Sauvion (batterie) – œuvrer dans une noisy pop teintée de shoegaze et de grunge rappelant leurs compatriotes de Summer Here Kids, Welcome To Julian ou Formica. Soit cinq compos hyper mélodieuses gorgées de distorsions et de sonorités vrillées évoquant My Bloody Valentine, Teenage Fanclub et Dinosaur Jr. : best of 90s lointaines quand on est vieux mais toujours magiques en nos cœurs juvéniles (seule la peau vieillit). De l’irrésistible Starve au planant Tiny Shelter, c’est un délice sonique qui vous attend, zéro temps mort zéro temps faible, à l’image de l’attaquant Andy Carroll, international anglais venu gonfler les rangs des Girondins de Bordeaux tandis que le club végète en quatrième division : but sur but. Quand l’appétit, le talent et le panache se mêlent, ça donne un Backyard de haute volée et, maintenant que nous avons visité l’arrière-cour, à nous les jardins ensoleillés, la vie en plein air, les pique-niques alcoolisés : pour vivre heureux, il faut s’éloigner des rails.