Si le chômage baisse, il est un corps de métier qui ne pouvait masquer son inquiétude récemment. Les barbiers flippaient. Que les Kings Of Leon finissent par opter pour l’hygiénique mode du menton glabre, ils pouvaient le concevoir mais que le leader de Grandaddy -au risque d’entraîner le groupe entier, hypothèse désormais rendue caduque par l’annonce de la séparation du groupe- fasse un sort à ce qui leur assurait d’équilibrer les comptes, c’en était trop. A deux doigts, de replier le rasoir qu’ils étaient. Il n’en sera rien puisque le quartet canadien Ladyhawk occupera désormais la place laissée vacante par les poilus de Modesto. Duffy Driediger, Darcy Hancock, Sean Hawryluk et Ryan Peters s’aiment velus comme autrefois Jason Lytle et les siens. Ils partagent également avec ces derniers ce sens de l’indie rock aux racines plantées en terre, agité de l’échine ou triste et rêveur. L’humus qui le nourrit se forme toutefois moins dans le sol Yo La Tengo que dans celui pierreux de Dinosaur Jr ou du Crazy Horse de Neil Young. Ladyhawk, l’album, tient de la randonnée en sous bois balisée par dix titres sylvestres qui invitent tantôt à la bal(l)ade le torse à l’air et le pas rapide (" The Dugout ", l’enthousiasmant " My Old Jacknife ") tantôt à ôter ses boots et son hat trucker et se décontracter le gland une Budweiser à la main (" Long’Til The Morning ", " New Joker "). Au total, près de quarante minutes d’une excursion-nature pas déplaisante.