Léger imprévu, pas grave, vous vous retrouvez un samedi soir en tête à tête avec vous-même, et si mille horizons noctambules s’offrent à vous, vous décidez de répondre à l’invitation lancée, un gentil message vocal sur les réseaux sociaux, et de jeter une oreille à ce disque paru en septembre dernier, passé (comme tant d’autres, malheureusement on ne peut pas tout chroniquer – j’aimerais bien) à travers les mailles du filet d’ADA : le deuxième album du trio – né duo en 2018 – nantais Dream Baby s’ouvre sur un nuage de guitares délayées dans la brume, brume de mots, parlés, chantés, et d’arrangements pointillistes, violon circonspect, beat fantôme, Ciel7 dessine en creux une cartographie tout à fait atmosphérique. Produits par le fidèle Nicolas Covalesky, les huit titres de Maison neuve oscillent entre bossa nova mutante expressionniste (C’est l’heure), rengaine post-rock (Une chanson pour) et mélopées planantes (La ville). Charles-Eric Charrier (Dreta Lorelie, Man, Oldman ; collaborateur de Sidi Touré et Rob Mazurek), Béatrice Temple (chant) et Dominique Queffélec (violon) s’accordent à merveille pour façonner des climats arachnéens néanmoins piquants, à l’instar de ce Bellis perennis psychédélique, tout droit sorti d’un opéra imaginaire que ne renierait pas Brigitte Fontaine. Acoustiques, les étranges chansons de Dream Baby reposent sur des motifs répétitifs, des textures brutes et des ondées sourdes, jouant du contraste entre l’interprétation parfois théâtrale de Béatrice, dont le registre vocal est vaste, et les instrumentaux dépouillées, jouant peu mais exprimant beaucoup, comme si Kurt Weill avait signé chez Constellation Records. Ainsi, Septembre remporte la mise, tout comme l’épuré Maison neuve : économie de moyens, mais pas d’émotions fortes, jusqu’au conclusif, court et apaisant Comme un bruit. Très belle proposition, singulière et attachante, que cette œuvre parvenue jusqu’à moi par des biais détournés.