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Jesse D Vernon, est, comme pourrait le dire un consultant footballistique au sujet de Claude Puel, quelqu’un qui s’adapte, capable de jouer à tous les postes. Si la comparaison est aussi hasardeuse qu’un commentaire politique après la prise de parole de Trump après son premier coca du matin, elle place le musicien sur un trône qu’ils ne sont pas nombreux à réchauffer. Croisé chez The Moonflowers à ses débuts, puis This is Kit, de Fantasy Orchestra, il est de retour avec Morningstar, devenu Music Club, non pas comme un clin d’œil à Mark Eitzel (quoique) mais pour signifier que le projet est collectif (on retrouve, excusez du peu Boris Boubil, Flop et John Parish, ami de longue date).

Parisien depuis 2012, navigant entre Bristol et Paris où il dirige un orchestre communautaire, Jesse D Vernon connaît les Liminal Zone (masterpiece de l’album avec ses divagations jazzy soyeuses), et surtout celle de la musique, car ce nouvel album (le premier en 15 ans) se promène dans des terrains qui pourraient s’apparenter à une zone franche entre le Tindersticks de la seconde partie et le Mark Eitzel de 60 Watt Silver Lining, la fossette plus creusée par une mélancolie douce agrémentée d’une douceur joyeuse. Ourlées d’harmonies vocales (comment ne pas penser à Stereolab sur certaines inflexions), les chansons accrochent l’air du temps, tentant de l’essorer de ses déluges.

Avec son chant humble et touchant, Jesse D Vernon ajoute de la fragilité et de la lumière, utilisant la guitare comme un objet de séduction non-démonstratif, mais toujours juste. On ne se lassera pas de remonter les escaliers de la Tower Still Stands, construction que Jarvis Cocker aurait voulu écrire pour gagner le Prix Pritzker.

Liminal Zone est à classer dans la liste des disques qui n’ont pas l’air d’y toucher, et qui au final continuera à nous accompagner pendant des années, un disque dépourvu de la moindre faute de goût, qui peut même se targuer de compter en son sein, dix titres, comme des standards (la reprise du Jessies’s Still Stands de Jesse and Mo comme un hymne parfait pour clôturer le schisme Dylanien un soir de Newport Folk Festival), des moments qui font du bien et qui peuvent nous réunir pour les chanter avec les passants un soir de printemps doux, comme Why Walk Away. Ligue des champions.




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