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Depuis quelque temps, je rentre dans une forme de conformisme culturel, comme si j’avais besoin de repère, d’une assise avec plus de contemporains afin de me soulager de cette anxiété grandissante dans cette période indigne d’un épisode de South Park, car appuyant encore plus fort sur le curseur.

Mais je ne sais pas si c’est le printemps, l’arrivée des vacances, ou la prise de conscience que je commençais à m’emmerder sérieusement, j’ai décidé de m’imposer un peeling auditif, et le Lost de Druugg est le produit parfait, mettant L’Oreal et toute sa clique au niveau d’une feuille A4 là où les Belges me propose de me frotter avec un papier de verre et une peau de chamois pour les finition, et pour ne pas oublier qu’un brin de romantisme est toujours le bienvenu.

Premier album (un premier EP a vu le jour en 2024) Lost, et sa pochette, qui va dérouter au premier regard, pour ensuite nous rassurer dans son absence de filiation avec une légende militaire (comprendra qui pourra) est une bénédiction qui se fera plus volontiers dans un garage non insonorisé que dans un lieu monstrueux qui fait le bonheur des chauffagiste intéressé à votre consommation. Lost, ce sont neuf chansons qui vous attraperont, vous retournerons, vous câlinerons, tel un vaisseau spatial dans une station de lavage de l’an 3000 après Elon Musk.

Jubilatoire au point de vous donner des envies de purges dans votre discothèque pour ne garder que lui, comme la substantifique moelle de ce qu’il faut adorer au détriment d’un art non pas dégénéré, mais qui n’a pas su au final se prendre en main tout en se laissant déborder. DRUUGG y va fort (son morceau de fin Rise est un vrai morceau de fin cataclysmique qui en dit long sur la faculté du quatuor à s’extirper de la monotonie dogmatique), oscillant entre anglais et français, maniant l’ironie (Mélopée devrait mettre en PLS l’assemblée des santons de Paris de l’Académie française.) la transgression sonic youthienne sur un Je Croyais Pouvoir T’oublier, entre mantra et slogan d’une manifestation de l’intime phagocytée par des blacks blocs. Sachant jouer des attitudes, des postures indie rock, DRUUGG poste un message avec Lost (la chanson) : nous sommes là et nous allons déboulonner vos statues pour poser la nôtre. Capable de fulgurances pop avec Feel it ou une version de House of Love sous Ketamine, Thought The Waves ou comment jouer du Cure dans une usine désaffectée, mais peuplée des âmes étranges des filles de The Organ, ou encore Danser Contre Ton Corps qui dévale une pente hilarante et désuète que seul un alcoolique est capable de remonter avec le coude. Que dire encore de ce disque détonnant et machiavélique (comment ne pas perdre l’ensemble des points cardinaux en écoutant Light is Gone) qui ne laissera aucun répit (Waouh Stay Away vient de me lobotomiser pour des semaines.) à) la médiocrité ambiante. C’est un album percutant, virevoltant (les abonnés du Stade de Reims pourront y voir une analogie avec Junya Ito) et salutaire pour qui veut s’extraire de la médiocrité sans tomber dans le n’importe quoi. Disque de l’année pour le moment. Pas perdu pour tout le monde.




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