Artiste suédoise qui d’après la rumeur aurait rendu fous ses parents, à vouloir composer, jouer et chanter, avec et sur tous les sons qui se présentaient à elle, Sofia Härdig semble avec Lighthouse of Glass vouloir s’extirper de l’attraction terrestre, pour à la fois toucher les nuages et ne plus se fondre dans la masse. Elle qui a toujours eu la capacité à la manière de Patti Smith d’exploser le champ des possibles de son indie rock, s’inspirant du soft rock en insuffisant une énergie post punk (Chanson titre comme un morceau de Joy Division repris dans les studios de Cure par le Patti Smith Group.). Pale Fire, single envoyé en éclaireur avait posé les jalons de ce nouvel album. Ancré dans un travail de piano obsédant et des progressions d’accords saisissants, ce titre avait mis en évidence la force de la voix de Safia Härdig ainsi que ses grandes qualités de productrice et d’auteure-compositrice, pouvant séduire tout à la fois les fan de Nick Cave que ceux de PJ Harvey et surtout Anna Calvi avec qui elle a le plus de connexion, comme ce chant tout aussi maniéré que fort. C’est peut-être d’ailleurs ce qui pourrait être le mur de séparation, ce chant, presque crispant sur l’introduction de Kingdom Come, qui à l’instar de l’écriture d’un médecin, fait sa force, mais sa faiblesse dans l’impossibilité de la déchiffrer.

Ample et fougueux (comme un cheval) Lighthouse of Glass s’éloigne des canons d’une forme de classicisme rangé des voitures, pour s’autoriser des escapades théâtrales dans une atmosphère qui ne devient respirable que par la grâce d’orchestrations au-devant desquels il ne nous sera pas interdit de nous prosterner, comme Sofia pouvait le faire enfant, devant la mélodie d’un lave-linge en position lavage délicat. Disque probablement d’une autre époque, une fenêtre panoramique (Thursday Morning in Bloom comme climax) pour s’éloigner pendant 50 minutes du chaos.