Il y a deux ans, nous avions chez ADA grandement loué Faces, le premier opus du quartet tourangeau Mossaï Mossaï : « Une maîtrise des forces telluriques du dessous, pour créer des geysers et des fumerolles poétiques, nous plongeant dans le plaisir sadique de l’inconfort, afin de nous sentir avant tout, vivants ». Marie Escadafals (Amande, dans une vie musicale antérieure), Philémon Tranchant, Jean-Loup Dutoit et Tanguy Serand sont de retour pour un second acte en forme de panégyrique, même si l’espiègle intitulé de leur nouvel album évoque plus une impasse qu’un autoroute vers la lumière. Fourrière, cimetière des possibles inachevés (les périples abandonnés en cours de route) mais également source de matières premières pour un recyclage qui ferait rougir de plaisir le mécanicien de Max Rockatansky : en dix titres foisonnants, entre interludes instrumentales (la trilogie Souvenirs + Rêverie) et cavalcades expérimentales portées par des textes naturalistes, Mossaï Mossaï œuvre dans une noise minimaliste teintée de pointillisme (sonorités vrillées, motifs répétitifs, animisme effondré) et de bruitisme anti-wave – lente mélopée que Limitrophe et son mantra : « Sortons du silence ». Plus loin, des percussions réverbérées et des riffs compressés (Fourrière), une complainte drone lo-fi (La comptine), du field-recording shoegaze (Blottie) et un intermède planant délayé (Interlude). Le conclusif Branche-Oeil – sommet noise, garage, immédiat, ambitieux et disruptif – enfonce le clou. Fourrière n’est pas un cimetière, mais bien l’endroit où se terrent les bolides, en attendant que leurs dispendieux propriétaires les récupèrent. Hâte de brûler le bitume, sur fond de Mossaï Mossaï.