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Longtemps, la France – enivrée par sa fameuse exception culturelle – s’est rêvée chantre du bon goût, tel que magnifié durant les inoubliables célébrations olympiques que nous envièrent les peuples de la terre entière, abasourdis de tant d’avant-gardisme et d’inventivité classieuse. Ce qui explique pourquoi, au pays d’Eddy Mitchell, la country est perçue comme une musique de péquenauds. Hank Williams, Woody Guthrie, Johnny Cash ? Que nenni. Haro sur les rednecks : pom-pom girls, pick-ups et bière tiède. La country, il faudra que Sa Sainteté Beyoncé s’en empare (Cowboy Carter – featuring Willie Nelson, Dolly Parton et Paul McCartney) ou que la presse spécialisée y accole le préfixe alt, voire l’appellation americana, pour la décrotter et que l’on daigne y jeter une oreille. Exit Garth Brooks, welcome Calexico, Wilco et autres Tarnation. Ignorants de nos paradoxales vicissitudes (pour nos élites, exercice hautement délicat que de flatter la plouquerie sans se faire accuser de mépris de classe), les Chicagoans de Tobacco City creusent leur sillon country rock avec une placidité tout à fait respectable : en douze compositions ourlées – dont trois intermèdes expérimentaux –, le quintette mené par Chris Coleslaw et Lexi Goddard (un petit quelque chose de Paula Frazer dans le timbre, j’adore – voir la complainte au bord de la falaise Fruit From the Vine) oscille entre midtempo harmonieux gorgés de pedal steel guitar (l’inaugural Autumn, refrains lumineux), ballades imbibées de soleil californien 70s (Bougainvillea ; No Way to Get Out) et compositions laid-back aux structures étirées (Time, groove très Neil Young). Parfois teintée de folk (Colorado), de honky tonk (l’entraînant Buffalo, tunnel de couplets espiègles, solo de guitare feu-follet) et de blues (Mr Wine), la production – sobre, précise, aérée – met en valeur les voix de Chris et Lexi, qui – lorsqu’elles s’entremêlent – font des merveilles. Le second album de Tobacco City, limpide et sans esbroufe, à l’image de sa chouette pochette, ne révolutionne rien, mais on passe un excellent moment. Allez hop, à dada (imaginaire) sur les Horses.




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