Pour Albert Einstein et autres génies dans mon genre, le temps ne serait qu’affaire de perception. Il aura fallu au quatuor parisien Mia Vita Violenta, qui tire son patronyme du (fabuleux) deuxième album de Blonde Redhead ainsi que d’un roman de Pier Paolo Pasolini (Una vita violenta, 1959), rien de moins que trois EP (dont le plus récent, Grey Seas, date de 2017) et plusieurs changements de line-up, avant de se stabiliser et d’enregistrer, avec l’aide de Valère Brisard (Crève Cœur) et Camille Jamain (Enob), un excellent premier opus – le bien nommé A Matter of Perception. Si le registre du groupe mené par Romain Saccoccio (le seul membre originel) maintient le cap initial (entre Slint, Breach et Unwound), il s’ouvre à la dérive, structurelle (compositions étirées d’un climat l’autre, parsemées de fossés, de sommets et de chausse-trappes) tout autant que sensorielle, à l’image des instrumentaux drone (Ecstatic Tension) ou post-rock (Zodiacal Light) qui aèrent un disque par ailleurs gorgé de fièvre. De Dysfonction (postcore noise, ruades, chant entremêlé) au monumental hardcore gaze Detachment City, Mia Vita Violenta fige le temps (la lente montée de Fade Out), empile les motifs répétitifs (le post-hardcore Breathe In, guitares et voix dialoguant dans la noirceur) et se lance dans un krautcore mélodique absolument ébouriffant, dont le final héroïque marquera les esprits – sommet. Vivement la suite.