Choriste pour Gnawa Diffusion et membre de feu MIG, Djazia Satour poursuit depuis le début des 2010s une fructueuse carrière solo, qui la voit renouer avec ses racines algériennes – chant en arabe, influences chaâbi, instrumentations organiques, notamment le bendir, un tambour sur cadre au cœur de son chatoyant nouvel album, El Hourriya. Sur ce troisième opus particulièrement abouti (la production, ample et néanmoins aérée, est un régal de justesse), l’universel transcende le folklore, tant les mélodies composées par Djazia, dont le chant – expressif, poignant, retenu – vise au cœur, s’avèrent riches d’une transversalité sans frontières, à l’instar de l’entraînant Chouf Ellil, complainte jazzy pop soul digne d’Amy Winehouse : ébouriffant. Il faut dire que le pianiste Pierre-Luc Jamin fait des merveilles, s’aventurant dans des registres kaléidoscopiques, une pointe de cabaret ici, un zeste de néo-classique ici, son jeu évolue en permanence et suit avec une délicate assurance les circonvolutions vocales de Djazia, superbe chanteuse : entre mélancoliques mélopées (El Hourriya, au final envoûtant de beauté), ballades nocturnes (Iza El Shams Gheraet) et compositions plus solaires (Zintkala), le duo délivre une œuvre à la musicalité exquise, qui n’a pour défaut que d’être trop courte. Djazia Satour et Pierre-Luc Jamain se produisent en septembre prochain au Studio de l’Ermitage, le rendez-vous est pris.