> Critiques > Labellisés



Observant d’un œil morne la récente (et gracieusement diffusée par Amazon) prestation de Stereolab au Primavera Sound de Barcelone, je me suis rappelé à quel point j’avais – au moins jusqu’à l’album Emperor Tomato Ketchup de 1996 – apprécié ce groupe : entêtantes mélodies monocordes sur fond de krautpop acidulée, un petit quelque chose du Velvet Underground bruitiste dans leur envoûtante désinvolture ultra binaire, magnifiée par une Lætitia Sadier au registre vocal certes limité, mais tellement singulier. Dans un même élan malaisant, la scène n’étant pas le point fort de Stereolab (mise en place flottante + charisme d’endive bouillie), je me suis également souvenu pourquoi j’avais cessé de suivre les aventures discographiques du combo londonien : durant les 90s, Tim Gane et ses acolytes ont basculé du côté obscur de la force lounge. À eux les joies de la musique d’ascenseur, à moi celles de l’indifférence, puis de l’oubli. Et donc, lorsque j’apprends la sortie d’Instant Holograms On Metal Film, onzième opus (rompant quinze ans de silence), je me dis pourquoi pas, d’autant plus que chouette pochette : fatal error. En effet, si – après un court instrumental introductif sans intérêt (Mystical Plosives) – le plaisant Aerial Troubles fait le job (l’on y retrouve certains marqueurs stereolabiens tels que voix entremêlées, motifs répétitifs et sens du contraste ; dynamique catchy versus mélancolie diffuse, efficace), l’on se trouve ensuite piégé dans une interminable orgie easy-listening, teintée de techno cheap (Melodie Is A Wound), d’électro-kitsch pour plantes vertes à l’agonie (Le Coeur Et La Force évoquera ce cher Rob) et de groove aussi soyeux que le peignoir de Lionel Ritchie (Immortal Hands). Et puis il y a le psychédélisme sans la tête qui tourne, les textes pfiou pfiou (“J’appartiens à la terre, je dis non à la guerre”), les références absconses (le labyrinthe rhizomique de Gilles Deleuze et Félix Guattari, ???), qui font de ce (paradoxalement, puisqu’il se veut léger) fatiguant Instant Holograms On Metal Film rien de moins qu’un pensum.




 autres albums


 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.