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Ah, enfin ! Un peu de cul dans l’indie-rock français ! A force d’aborder la question des sentiments et de la noblesse romantique, les groupes français semblaient avoir oublié l’importance du sexe, de la baise, des parties torrides étalées sur des journées entières. Bonie Longo FT Laurence Kian, en un EP quatre titres dévergondant l’écurie Sarah Records, nous rappelle, au cas où certains l’auraient oublié, le lien étroit (ou profond, selon les esprits de chacun) qu’entretient la pop avec l’érotisme.

Comme une réminiscence du célèbre « je vais et je viens entre tes reins » de qui-vous-savez, Bonie Longo assume à fond, et plutôt merveilleusement, l’explicite quotidien, l’étreinte certes amoureuse mais tout de même hot : « passe ta langue où tu voudras », « enlève ton calcif / je m’en occupe / et j’avoue que j’aime ça » chante avec une ferveur charnelle la divine Laurence Kian sur le titre « Gouttelette », avant que son compagnon Maxime Lacolley (déjà croisé chez Coming Soon) ne lui réponde, en parfaite symbiose érotique, « donne-moi ta bouche / ne t’arrête pas ».

Rien de choquant ni de provocant chez Bonie Longo. Au contraire : le duo nous renvoie à un quotidien comme nous le vivons tous, ni enjolivé, ni scabreux, simplement libre et naturel, finalement assez banal. Bonie Longo parle de l’harmonie sexuelle, lorsque l’amoureuse décide soudainement de tailler une pipe à son homme dans les toilettes d’un pub, lorsque la complicité au lit engendre des orgasmes inoubliables, lorsque l’amour fou occasionne un au-delà de la sexualité…

Du coup, la musique très Field Mice / The Wake / Orchids de Bonie Longo, via des textes français aussi explicites que génialement naïfs, finit par engendrer une conception plutôt originale de l’indie-rock : derrière la gentillesse érudite des compositions, les mots réussissent à parler de cul sans aucune vulgarité, de façon presque banale. L’originalité de cet EP pourrait se trouver là : une musique nous renvoyant à une période chaste de nos vies (l’enfance, le début de l’adolescence) mais sublimée par des textes en totale connivence avec nos parcours trentenaire (la baise amoureuse, le constant plaisir à explorer le corps de la ou le partenaire). Bonie Longo : du Sarah Records toujours aussi romantique, mais assumant enfin cette part sexuelle qui ne demandait qu’à jaillir, cette part sexuelle transformant les doux romantiques en amoureux libidineux…




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