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  • 14 août 2010 /
    Pumuckl
    Questionnaire Diabologumesque

    réalisée par gdo

— Que représente Diabologum pour vous ?

Un choc adolescent... J’ai découvert #3 le même jour que Remué de Dominique A en 1998, à presque 16 ans. Et cela fait plus de 12 ans que je dis haut et fort que que ces deux disques sont les œuvres les plus importantes de ma discothèque. Je me rends compte que cette affirmation n’a plus grand sens tant elle est fondée sur un état d’esprit adolescent, un instant précis pour toujours inédit, dans lequel je ne me retrouverai jamais plus. Je ne suis pas sûr que je serais capable aujourd’hui d’accueillir, d’absorber un tel album qui déboulerait de nul part.

Diabologum représentait (et représente toujours) pour moi le contrepied radical de tout ce que je n’aime pas chez les artistes français. Contrairement au "rock français" qui cartonnait à l’époque, noir désir en tète, Diabologum n’assenait pas d’opinions, il plaçait l’engagement non pas dans des exposés d’idées mais dans une attitude absolument autocritique (jusqu’au sarcasme) et, je trouve, modeste. Le titre "Il faut" est un quasi manifeste de cette attitude "diabologum". La colère et la révolte qui habitent #3 ne sont jamais dirigés contre un autre, contre un coupable ou un système, elles ne sont que la manifestation de l’impossibilité d’être heureux dans le monde tel qu’il est (à part gacher sa vie, etc...).

Ce qui me fascine par dessus tout dans diabologum, c’est l’équilibre improbable (et nécessairement instable comme le prouve peut être la séparation rapide du groupe) entre le nihilisme de michniak et la naïveté assumée de Cloup.

— Pourquoi avoir participé à ce projet ?

Parce que je m’en serai voulu de ne pas tenter le coup...

— Si vous deviez retenir une chanson du groupe (et pourquoi celle ci) ?

Mission difficile car #3 est une masse que j’écoute presque toujours d’une traite... On va dire "de la neige en été" parce que cette chanson a été, de part sa position dans l’album, celle qui m’a fait rentré dans l’univers de diabologum. Parce qu’elle reflète tous les paradoxes de diabologum : c’est une chanson apocalyptique mais profondément optimiste. Introspective mais politique (au sens noble). Une chanson qui parle du tout a partir des détails. Une belle chanson, en fait.

— Diabologum en un mot

S’il n’en fallait qu’un, ce serait "humain".

— Programme ou Experience ?

Sur la longueur, Programme. "Mon cerveau dans ma bouche" est un disque majeur qui m’a marqué sans doute aussi fortement que #3. Sur l’album suivant, "une vie" a tout résumé en 4 minutes. Je trouve qu’ Arnaud Michiak, derrière sa carapace provocatrice et cynique a toujours beaucoup (aban)donné (a défaut de partager, peut être...), s’est mis beaucoup plus en danger. Son album solo était de ce point de vue la un très beau disque-bilan. Du coté d’Expérience, je retiens des morceaux particuliers plus que des albums.

— Son meilleur héritier dans la scène actuelle ?

En France, absolument personne. Car la vraie originalité de #3 ne réside pas pour moi dans son registre de déclamation du texte ou dans une quelconque excellence d’une scène "rock francais" comme beaucoup de critiques le sous-entendent souvent. Ce qui caractérisait diabologum, comme j’ai essayé de le dire au début, c’était une attitude : un rapport à l’engagement et au sens des mots que je n’ai jamais réentendu depuis #3. Pour moi, le seul artiste qui aujourd’hui dégage la même force évocatrice et la même intransigeance que diabologum, c’est mendelson. Mais ce serait injuste de parler d’héritier... c’est plutôt un résistant.

Pumuckl s’est attaqué à la reprise de "A Découvrir Absolument"

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