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  • 1er juin 2012 /
    Bela
    Titre Par Titre

    réalisée par gdo

Ghostwriting

Ghostwriting, ghostwriting… où il ne s’agit pas d’histoires de fantômes, quoique… pas d’histoires d’écriture, quoique… de souvenirs, peut-être… ou pas… En tout cas, il s’agit d’un album avec 11 chansons qui forment un tout, dans une belle pochette, réalisée par Kamarade.

through statics

Ce morceau a été composé avec le désir de réellement commencer l’album par un morceau introductif, qui puisse planter le décor du disque, quelque part entre « Les Chroniques Martiennes » de Bradbury, « Logan’s Run » de Nolan & Johnson et peut être aussi « Children of Men » de Cuaron. Même si les thèmes abordés dans les chansons de l’album n’ont pas de lien direct avec ces œuvres, ce type de littérature d’anticipation a été une grosse influence pour ce disque. Plus précisément, ce sont les dystopies qui me passionnent, ça doit être pour compenser mon excès d’optimisme naturel. J’ai inséré de nombreux samples, musicaux et extraits de dialogues de films. C’est toujours délicat d’utiliser des samples, notamment des extraits de films, je trouve souvent cela un peu facile pour installer une ambiance. Mais pour ce morceau je pense qu’ils font partie de l’histoire. A vrai dire ils en sont un élément narratif principal même s’ils sont, je l’espère, difficiles à tracer, on peut jouer à essayer de les identifier tous si on veut… Dans le fond on peut aussi entendre le tramway qui passait fréquemment à quelques mètres du local où nous enregistrions. Il fallait vraiment qu’il soit sur le disque…

to make a long story short

Je suis particulièrement content du mix sur ce morceau. Jean-Pierre (Maillard, responsable du mixage de l’album au Control Studio à Grenoble) n’a pas hésité à mettre le contre chant de guitare en avant, c’est elle qui raconte la vraie histoire du morceau. Encore quelques extraits de films sur ce morceau, mais je crois que ce sont les derniers, plus loin dans le disque la musique fonctionne sans cette béquille, une fois le décor posé, on peut aller droit au but. En fait l’idée de placer ce titre en deuxième position m’a été suggérée par Laurent Simon, le directeur du Ciel (où a été enregistré et mixé l’album) et je crois que ça marche pas mal. Je cherchais à écrire un morceau répétitif très long, un support à une narration fleuve et le « Motorik Beat » de Neu ! un peu modifié et accéléré a fourni un bon support. Je comprends maintenant pourquoi il n’y a pas beaucoup de morceaux longs, rapides avec un texte dense, j’ai beaucoup de mal à tenir le coup en concert, surtout tout seul…

this sharper knife

Un morceau qui traite de l’écriture et parle de lui-même, une mise en abîme par allusion. Lorsque j’ai récemment vu Twixt de Coppola j’ai été impressionné par sa façon de mélanger sa vie, celle de Poe et de son personnage écrivain dans un récit simple, limpide. C’est un peu ce que je voulais faire ici, à mon niveau. Je parlais de dystopie à propos du premier titre, mais ce que je trouve passionnant dans ce genre, ce n’est pas les éventuelles scénettes futuristes, au contraire, c’est l’utilisation du fantastique pour raconter quelque chose de personnel, de le rendre intemporel, à la façon de Jorge Luis Borges ou Bioy Casares. Et puis ce petit décalage dans le bizarre qui permet de sortir un peu du quotidien d’une façon parfois simple et élégante. Il me semble que le rock (au sens large), se prête particulièrement à cela, en ouvrant l’instrumentation, la palette est infinie.

one too many lines

C’est dingue l’importance que peut prendre une petite blessure à la main quand on est guitariste… On traine ça dans sa tête pendant des années et ça finit par donner un morceau. Bien sûr on est libre de l’associer avec d’autres idées et de broder autour… Musicalement, le morceau est né d’une succession d’improvisations de Patrice à la batterie, enregistrées les unes par dessus les autres. J’écoutais beaucoup « Drums not dead » le troisième album de Liars à l’époque qui est un album fantastique. Leur musique est beaucoup plus libre cependant. Notre morceau est plus corseté malgré la présence de nombreuses parties improvisées. Notamment, j’aime beaucoup l’improvisation d’Elisabeth sur ce morceau. J’ai essayé de réécrire l’arrangement d’après ces quelques premières prises mais ça ne marchait pas aussi bien. On a gardé le premier jet.

speaking of scars

Je parlais de Bradbury à propos premier titre mais j’aurais aussi dû citer Sturgeon dont le livre « The dreaming Jewels » est une grosse influence. C’est plus à sa vision du monde du cirque ou à celle de Browning qu’à celle de De Mille, Fellini/Rota que je pensais avec ce titre (toutes aussi différentes les unes des autres ceci dit). Après coup, j’ai retrouvé une scène assez proche de celle à laquelle cette chanson essaie de retranscrire dans « Paprika » de Satoshi Kon (un grand merci à François C. pour m’avoir fait découvrir ce film). C’est une coïncidence amusante mais on se sent tout de suite moins original quand on retrouve des images comme ça… Il y’avait au départ deux arrangements de ce morceau et Jean-Pierre a réussi à les combiner avec habileté, bravo.

clouds of my own make

Le titre est une allusion au film de Gondry « La science des rêves » dont j’avais gardé l’idée des nuages en coton et qui m’a servi de point de départ. Je voulais écrire une petite comptine un peu bizarre avec un canon et un drone, du coup ça a donné ce morceau. Le canon c’est le violoncelle et le drone c’est un micro à ruban Russe à quelques millimètres d’une cymbale jouée tout doucement. C’est une tentative de s’approcher de ce que font (ou ont fait) Michel Gondry ou Wes Anderson, mettre en scène un univers d’enfant pour adultes, ou le contraire…

the looking glass business

C’était vraiment un plaisir d’enregistrer des musiciens comme Elisabeth, Patrice et Vincent. Nous avons eu de longues discussions autour des arrangements, des ambiances, peut-être trop longues pour eux… Les deux premiers EP de bela étaient liés à l’univers de Lewis Carroll et ce morceau était peut-être une façon de faire le lien avec ces disques. On peut aussi voir un clin d’œil à Oscar Wild et Dorian Gray. Musicalement, je crois que ce que j’ai dit aux autres musiciens avant de partir sur ce morceaux était quelque chose comme : « et si on faisait un morceau qui ressemblerait à Portishead reprenant « Love Cats » de Cure. Je suis désolé pour Portishead et The Cure… En tout cas, le solo de trompette est bien, non ?

in tongues

Je trouve ça très difficile de baser un morceau sur un rêve, arriver à retrouver un tant soit peu ce que l’on a ressenti à ce moment, ce dont on se souvient au réveil, deux heures plus tard, un jour plus tard, etc. Du coup on perd vite le fil. Pour m’aider j’ai honteusement repiqué plein de trucs de Radiohead, Stereolab et autres dans ce morceaux. Les parties enregistrées ont aussi été découpé dans tous les sens, tant qu’il n’y a plus vraiment de lignes jouées du début à la fin. Amusant car le morceau a un côté long fleuve tranquille je crois. Le texte pourrait être une allusion au « 7ème Sceau » de Bergman, avec sa faux et son sablier, mais même pas, il faut chercher ailleurs.

a beast

Parfois on commence avec une idée de morceau en tête et ça devient complètement autre chose pour des raisons qu’on devrait taire. En l’occurrence l’arrangement de la partie du début du morceau est ce qu’il est parce qu’on arrivait pas du tout à jouer ce qui était prévu au départ, ou comment se retrouver face à ses incompétences de musicien autodidacte… La seconde partie doit correspondre à ce que mon cerveau a réussi à s’approprier d’un morceau de rap. Mais ça colle assez bien au thème du morceau finalement. Il y’a donc un peu d’espoir, enfin pas forcément dans le morceau, ou il faut bien creuser.

half as fast

L’autre long morceau du disque, beaucoup plus atmosphérique. C’est amusant car le morceau est basé sur un souvenir d’enfance qui je l’ai découvert un peu plus tard est très ressemblant à la scène d’ouverture de « Fanny & Alexandre » de Bergman, lorsqu’une statue se met à bouger et que la mort se cache derrière une plante verte, juste avant que la musique ne change de tonalité. C’est le type de situation un peu bête où on se dit : « ah mais oui, c’était ça… ». J’imagine que mes souvenirs d’enfance et ceux de ce film se sont mélangés avec le temps. Il y’a aussi un peu de « Juliette des esprits » de Fellini, quelqu’un qui passe beaucoup de temps à rêver, n’est-ce pas ? Techniquement c’est de loin le titre qui m’a donné le plus de mal, il est très lent puis le tempo accélère régulièrement tout le long de l’instrumental final. J’ai du mal à imaginer l’effet que peut avoir ce morceau sur quelqu’un d’autre, mais j’ai des frissons à chaque écoute de l’instrumental de fin, c’est certainement un peu égoïste mais c’est vraiment agréable d’arriver à imprimer une émotion comme cela, ne serait-ce que pour soi. Je me demande d’où vient cette envie de mettre de la trompette partout, mon écoute du Jazz est assez récente, ça doit être des réminiscences de James ou des Boo Radleys de mon adolescence… et c’est un instrument tellement sensuel, physique.

a hand on my knee

L’enregistrement du disque s’est terminé par les voix et c’est l’étape qui a été la plus grande source de doute. On a souvent beaucoup de mal à aller au bout de ses envies de ce côté là, un peu de fragilité mais pas trop, de la justesse mais pas trop, faut que ça déraille un peu, c’est facile de se planter dans les grandes largeurs. A la réécoute de ce morceau je ne suis pas sûr d’avoir gardé la prise de voix qui convenait même si son côté un peu à la ramasse s’est imposé à l’époque. Enfin, il va falloir faire avec maintenant. Ce morceau résume aussi un peu le disque, avec un côté autofiction, tout en ouvrant la voie à la suite : sing, sing, sing…



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