Deux ans après sa première venue sur scène aux Rockomotives, Tiny Feet (Emilie Quinquis) est revenue cette année pour présenter en trio son nouvel abum « As an end to death » paru récemment chez Les Disques Normal. L’occasion pour moi de la rencontrer à nouveau, autour du plateau partagé par Studio Zef (Blois), Radio Béton (Tours) et Radio Campus Orléans dans le fond du Central Bar à Vendôme.
Patrice Lecot : On s’est déjà rencontré ici en 2015 lors de ta première venue aux Rockomotives. Tu reviens cette année, toujours avec plaisir ?
Emilie Quinquis :Oui, je viens aussi ici en spectatrice dès que je peux.
PL : Quels souvenirs as-tu gardé de ton passage ici il y a 2 ans ?
EQ : J’avais l’impression de jouer à la fois devant ma famille et de jouer ma vie aussi, un souvenir intense donc. C’était le 1er concert où j’avais envie de faire entendre ma démarche, donc je n’avais pas envie de me louper.
PL : A l’époque, tu étais venue présenter ton 1er album « Silent », tu étais seule sur scène. Aujourd’hui, c’est pour le nouveau « As an end to death ». Tu es maintenant accompagnée sur scène par Yoann Buffeteau et Lionel Laquerrière. Cette volonté de t’entourer, c’est aussi pour faire évoluer tes morceaux sur scène ?
EQ : J’étais arrivé à un point sur cet album où il était inenvisageable de le jouer seule et puis il y avait aussi l’envie de partager l’aventure avec des gens que j’aime. Les coups de cœur que j’ai eu pour Lionel et Yoann sont compatibles en terme de travail, donc on a créer cette version en trio.
PL :Le nouvel album est paru sur « Les Disques Normal », comment est -il né ?
EQ : J’avais commencé à le travailler tout de suite après « Silent », sans penser « album » en créant de nouveaux morceaux et de fil en aiguille, il y a eu une cohérence entre les morceaux et il y a eu la langue bretonne qui est arrivée dans ma vie aussi entre temps pendant que j’étais en création, du coup ça s’est mélangé avec l’anglais.
PL : Cette volonté d’apprendre le breton ; la langue des terres sur lesquelles tu vis, c’est venu comment ?
EQ : J’avais déjà cette envie là depuis pas mal d’années, avant même que mon projet musical commence. A la fin de sa vie, ma grand-mère qui était atteinte d’Alzheimer était repartie en arrière : elle ne parlait plus que breton. Elle avait appris le français par la force des choses mais était revenue à sa langue maternelle, le breton. A ce moment là, je me suis retrouvé dans l’incapacité de communiquer avec elle et je me suis dit que c’était dommage, qu’il était temps que je rattrape le temps perdu et que je me mette à apprendre le breton.
PL : Et tu le parles maintenant quotidiennement ?
EQ : Oui. J’ai suivi la formation avec mon mari. Depuis on a eu un enfant, qu’on élève en breton et entre nous on essaye au maximum de communiquer en breton.
PL : Tu écris aussi des chansons en breton. C’est pas trop difficile ?
EQ : C’est pas facile parce que l’accentuation est vraiment différente et puis on peut vite tomber dans des travers. Il faut être précautionneux mais c’est passionnant comme travail.
PL : On est habitués au français et à l’anglais, la langue bretonne peut aussi un peu choquer l’oreille ?
EQ : Elle peut parfois être disgracieuse mais c’est quand elle est trop emprunte de français, bizarrement. Dès que l’accent est trop français, ça devient vraiment difficile à écouter. Quand on écoute les personnes âgées qui viennent vraiment de la terre, qui parlent encore ce vrai breton enraciné, c’est une musique magnifique.
PL : Sur ce disque, il y a encore du bon monde. En plus de Yann Tiersen qui était déjà présent sur le 1er album, j’ai noté la présence de King Creosote. Comment s’est fait cette rencontre ?
EQ : Je l’avais rencontré à Rennes où il restait quelques jours et je l’avais aidé à s’orienter avec sa femme dans la ville, et puis un lien d’amitié s’est créé. Il m’a invité à jouer en Ecosse il y a quelques années et ça c’est super bien passé. Après il m’a demandé de travailler sur un de mes morceaux pour un disque qu’il avait fait « Queen of the Brush County ». Suite à ça, je lui ai dit : « donnant-donnant, tu viens chanter sur mon album » et il était très content de le faire. Le résultat, c’est ce duo sur « The desert » qui est sur l’album et puis « Boyfriend », qu’il a écrit qui est aussi sur mon disque. Pour l’album, j’ai aussi rencontré Gareth Jones, un grand monsieur qui a mixé l’album et qui a vraiment compris ce que je voulais raconter et qui m’a beaucoup aidé en mixant l’album.
Photos : Jérôme Sevrette
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