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Ainsi donc, lit-on un peu partout depuis quatre jours, le sixième album des Strokes est un retour en force, une bénédiction en période de confinement, le truc qui va te faire oublier tous les malheurs du monde. Question : qui attend encore quelque chose des Strokes, groupe passéiste, surestimé, et dont l’unique fait d’armes consiste en un premier album joliment rétrograde paru en 2001 ? Car depuis, à moins d’user de mauvaise foi ou de revendiquer un statut de fan hardcore, avouons que Julian Casablancas et ses faux-amis n’ont jamais dépassé le remplissage anecdotique ou l’inspiration d’une face B. Mais comme on fait confiance aux critiques, on écoute The New Abnormal, et là on croit rêver.

Soyons honnêtes : dans ce cadavre en décomposition, une ou deux mélodies retiennent brièvement l’attention (pas de quoi non plus s’en vanter). Pour le reste, les Strokes survivent comme ils peuvent face à la débandade artistique, c’est-à-dire mal.

Disque éclaté, forcé, The New Abnormal se rapproche parfois de la torture auditive : “Brooklyn Bridge to Chorus”, sorte de disco pour les nuls, est d’ores et déjà l’un des pires titres de l’année (pauvre 2020, qui aura tout vu) ; “Eternal Summer” espère raviver le chant du Prince mais donne surtout l’impression d’un agneau que l’on égorge ; “Bad Decisions” ne trouve rien d’autre que Billy Idol (jusqu’au pompage frontal) pour laisser penser à un sursaut de vitalité… Et partout, la voix criarde, gueularde, d’un Casablancas qui paraît éructer sous Viagra. Sachant que la principale inspiration du disque provient du rock FM 80s, guère étonnant de s’imaginer entendre un Phil Collins ou un Rod Stewart s’essayer au rock indé.

Disque de vieux pour vieux, The New Abnormal est un événement disproportionné, un organe flasque que la production de Rick Rubin cherche à réanimer (et parfois, il arrive à créer l’illusion). Surtout, il est affligeant, pour ne pas dire honteux, qu’un album aussi has been squatte aujourd’hui l’actualité – bien relayé par des médias qui se contrefoutent des artistes « de l’ombre ». Rien d’anormal : disque de m… pour période de m…




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