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Soyons honnêtes, je ne suis pas un grand fan des disques live, souvent taxés de ma part d’opportunisme pour se remplir facilement les bourses. Si je tolère la captation vidéo, puisant dans le regard des spectateurs quelque chose qui pourrait s’apparenter à une émotion instantanée, le disque lui m’a souvent fait me sentir éloigné, ne me retrouvant pas dans les clapotis clapotas et les cris d’un public qui sans le savoir fera partie d’un sillon. Mais il y a l’exception, déjà quand je n’ai jamais eu l’occasion de voir le groupe sur scène, et que j’aime celui-ci, ou quand celui-ci profite de la scène pour s’en servir comme d’un laboratoire vivant.

Miracle, GaBLé cumule les deux pour ce disque sorti dans le cadre du Disquaire Day, enregistré durant le festival Les Rockomotives de Vendôme. Je n’ai jamais vu le trio normand, qui est dans ma short list des groupes à voir avec GYBE et Grandaddy pour la lettre G. L’autre point est que pour l’occasion, GaBLé s’entoure de Basson et flûte traversière, donnant à ses chansons pour qui le mot barré serait un euphémisme, quelque chose d’encore plus organique. Il en résulte quelque chose qui pourrait s’apparenter à une prestation des Monthy Python s’ils avaient vu le jour à l’émergence du rap et de la fusion electro rock du madchester (j’ai toujours imaginé John Cleese entamer un pas de danse diabolique sur iT MaKeS SeNSe avec un rictus pincé.). Mais il serait réducteur de ne voir dans les auteurs de PiCK THe WeaK (album au centre de ce live avec quelques anciens titres) que des histrions musicaux, car ce serait faire fi de la complexité des constructions qui s’apparentent plus à un édifice gaudien qu’a l’austérité du mouvement brutaliste. On fini même par être épaté pour ne pas dire subjugué face à ces édifices qui tiennent debout alors qu’en son sein, un processus de tremblement est installé par le groupe avec la même gourmandise que Satanas et Diabolo devant leur nouveau stratagème pour capturer Zéphyrin. Car les onze titres ne procurent chez nous qu’un regret, ne pas être dans la salle et d’applaudir entre les titres en remerciement le groupe pour ce moment d’exhalation (mais aussi d’émotion comme sur DeCay SuSTaiN) qui nous sort de la monotonie ambiante, mais aussi par cette façon quasi-unique de nous plonger à la fois chez Fellini et Prodigy dans la même minute sous le haut patronage de l’âne de Beck (DruNK FoXiN LoNDoN).

On parle souvent de jouer d’un instrument de musique, chez GaBLé le mot est à double sens, donnant la première place à celui qui nous renvoie à notre enfance. Ludique, exotique, cathartique et carrément orgasmique, ce live de GaBLé est une proposition vers le bonheur, une ataraxie sautillante.