Je ne vous surprendrais pas si je vous avoue que je ne me suis jamais baissé face aux desideratas de la progéniture familiale (ceux des autres) qui me demandaient, eh tonton musique tu nous emmène voir Lorie. En ce mardi soir où je profitais d’une journée de repos, direction Reims pour le concert de la coqueluche anglaise, les klaxons. Un mois et demi après le concert de Bonnie Prince Billy le choc devait être rude voir terrible. Avec Bonnie Prince Billy je terminais peut être un cycle, celui de plus d’une dizaine d’année à vivre avec un compagnon qui me rendait les journées moins lourdes, vous comprendrez donc qu’aucune chronique ne soit apparue pour ce concert, l’intime finissant par polluer le jugement.
Donc les Klaxons. Premier constat après avoir garé mon scénic de la Diac, il y a la queue à la Cartonnerie, ce qui me rassurait sur le public rémois plutôt frileux (ah la grande époque de l’usine). Deuxième constat, la soirée ne sera peut être pas seulement un concert de rock, mais probablement une étude sociologique sur les us et les coutumes des fins de collégiens début de lycéens. Habillés à l’identique (il serait de notoriété publique que Karlsruhe va devenir la mecque de la mode) comme les idoles du soir, ces petits acheteurs de clerasil et de vivelle dop, muent pour certains alors que d’autres sont tellement aux portes de l’accréditation pour le salon du jouet, que les parents, dont certains nous soupçonnons d’écouter Daniel Guichard, accompagnent une progéniture qui portent encore sur la poche arrière droite du pantalon le billet du dernier passage de Lorie au parc des expositions.
Le troisième et que les débuts de la rencontre du corps et de l’alcool sont au rendez vous, soubresaut d’une migraine probable que nous finirons par soigner au son d’un cali plus doux pour les oreilles, et tellement Rebel quand même (sic). Ceux sont les metronomic qui faisaient l’ouverture de cette soirée. Trio Kratwerkien et adepte de noisy pour faire chier les voisins, la clique a très vite mis le publique dans sa poche, à grand coup de beat accrocheur et de mise en scène stupide mais efficace, au rang duquel la lumière ventrale prendra une place toute particulière quand on pense aux doubles sens de ce que l’EDF nous offre. Alors que la back line mutait pour le trio tant attendu, dans la salle on refait le monde, et le mien s’écroule, on me vouvoies et on me demande pardon, alors que je ne souhaite qu’une chose c’est que l’un de ces miraculeux croisement d’Oliver Kahn et de Karl Lagerfeld me piétine les pieds afin de rentrer dans la masse. Mais la musique dans tout cela, et bien une forme de déception et à la fois de fascination. La déception de trop retrouver ces gimmicks faciles et ces tubes qui ne sont là comme des miracles dont les auditeurs ne mesurent pas l’étendu de l’offre. Alors la facilité s’installe et le fonctionnariat du premier album prend le pas sur la fraîcheur de la découverte et du premier contact.
La fascination viendra de prendre par derrière en fin de concert un auditoire trop vite acquis, ramenant en tête de gondole des titres qui pouvait pâtir d’une entrée en matière sur disque accablant même un auditeur en dilettante. C’est un concert à Reims comme une année 0, un point de friction entre une adolescence qui peine à prendre sa retraite et une quarantaine qui pointe un nez crochu et maléfique. Mais les Klaxons nous ont voulu du bien, pas spécialement un public de locomotives surfant sur les uniques rails de la mode.