> Interviews



Romantique et élégante, la pop lumineuse d’El Botcho mériterait sans doute une couverture médiatique plus importante. Le groupe toulonnais est l’auteur d’un premier album “In the wrong place at the right time”, habile mélange de pop songs à la fois tranquilles, fraiches et ensoleillées et de pointes folk, nourries aux classiques 60′s/70′s et dont la douceur nous fait du bien. La naissance d’un grand groupe ?

http://www.deezer.com/fr/music/el-botcho

http://www.facebook.com/elbotcho

http://elbotcho.com/

http://soundcloud.com/elbotcho

Parlez-moi un petit peu de ce premier album « In the wrong place at the right time », sorti le 23 mai dernier…

— Le groupe s’est formé l’année dernière… On a d’abord passé pas mal de temps dans des caves à répéter nos morceaux, d’abord en trio avec Sébastien (Basse) et Boris (Batterie), puis on a été rejoint par Manu au piano. Les morceaux se sont construits avec les sensibilités de chacun et avec à chaque fois comme support une trame que j’amenais à la guitare et au chant. On a ensuite fait tourner ces morceaux sur scène pendant 6 mois, en faisant une dizaine de concerts, ainsi on les a vu évoluer, on a reconnu les faiblesses de certains et les potentialités cachées d’autres… On s’est donc retrouvé avec un peu plus de vingt chansons, parmi lesquelles on en a choisi 10. On est allé les enregistrer au studio Coxinhell en août 2011 pendant 5 jours. L’enregistrement a été intense, avec un condensé de travail, mais aussi beaucoup de plaisir, de rigolades et de choses inavouables… Le dernier jour, Pandora est venue nous rejoindre pour enregistrer les chœurs… Après ces quelques jours de vie potache entre mecs, elle est venue mettre un peu de sensibilité féminine à ce joyeux bordel… le résultat nous a tellement plu, qu’on l’a gentiment forcée à nous accompagner sur scène… (Alex)

Peut-on raisonnablement estimer qu’on sort du strict champ de l’indie pop… avec des inspirations folk ?

— Je pense que par la force des choses, nous sommes totalement dans l’indie pop…on ne fait pas quelque chose destiné au 20 h, ni à une chronique matinale sur une radio nationale…nous sommes de modestes artisans…mais on se défend pas mal. Le pire c’est que la pop, au sens noble du terme (et indé pop d’autant plus) va surement finir un peu comme le rayon jazz chez les disquaires de la fin des 80’, au fond du magasin sur une étagère poussiéreuse et elle ne rendra heureuse que quelques rares aficionados.(Sébastien)

Personnellement, j’ai du mal avec ce mot « indie ». Autant à l’époque ça m’aidait beaucoup quand j’achetais des disques à la FNAC, en choisissant les albums de manière hasardeuse, en fonction de leur pochette ou du nom du groupe et sans vraiment savoir ce sur quoi j’allais tomber (vis ma vie sans internet). Ça m’évitait de ramener des disques de rock FM à la maison… Mais aujourd’hui, le terme est sans doute un peu galvaudé… d’autant qu’il peut faire référence à une période où le rapport de force entre les majors et les labels indés avait un sens… aujourd’hui ce n’est peut-être plus vraiment le cas… Sinon, oui pour la pop (pour le côté mélodieux et pour la structure des morceaux). Et OK aussi pour la folk, pour le son qu’on a voulu donner à l’album et aussi pour les influences des uns et des autres (Beck, Neil Young, et aussi la folk suédoise pour Manu). (Alex)

Dans tout « mauvais endroit » y-a-t-il de bons moments ?

— Oui clairement !! En tous cas c’est un postulat. Ça pourrait même être un principe de vie… Après il faudrait poser la question à Ingrid Betancourt quand elle était prisonnière dans la jungle… Mais tout postulat est fait pour être remis en question, non ? Plus sérieusement, pour nous ce titre de l’album a du sens, car il fait référence à un refus de la fatalité. Faire de la musique à Toulon ce n’est pas la panacée… la scène pop-rock est quasi inexistante, c’est dur de traîner le public aux concerts, il n’y a pas de label, peu de salles, etc. la liste est longue… mais malgré tout il y a quelques acteurs qui se bougent : Tandem (la SMAC locale), le MIDI festival, le Rockorama festival et des groupes qui se démènent et redoublent d’inventivité pour trouver leur place (Mina may, Hifikub, Appletop, Twin apple, Viking dress, etc.)… Puis « In the wrong place at the right time » ça veut surtout dire qu’il faut savoir laisser sa chance à la vie, à l’imprévu et que parfois des petits miracles se produisent… même à Toulon. Faire un album ensemble alors qu’on ne se connaissait pas il y a 2 ans, c’est déjà un petit miracle !! (Alex)

Oui, notre ancien groupe avec Pandora (The Leeds) en est aussi un criant exemple. (Sébastien)

Etes-vous un de ces groupes français qui louchent sérieusement sur les Etats-Unis et sur nos cousins britanniques ?

— Vu qu’on chante en anglais et vu nos inspirations, on aurait du mal à prétendre le contraire, mais malgré tout il est plaisant de penser qu’on fait une musique résolument locale et attachée à notre territoire… un peu comme l’agave en photo sur la pochette, elle est d’origine mexicaine, mais elle s’est acclimatée aux rivages de la méditerranée. C’est pour ça aussi que dans un morceau on parle des ânes volants de Gonfaron (petit village à proximité de Toulon)… (Alex)

Oui, puis on ne louche sur personne, on fait notre truc,… et c’est en anglais que ça sort. Chez moi, dans mon enfance, il y avait plus de Beatles/Stones que de Brel ou de Barbara, donc c’est normal. (Sébastien)

Que répondez-vous à ceux qui disent « A mort l’anglophilie » « Il y en a marre de l’anglais » ?

— Je leur demanderai s’ils ont déjà essayé d’écouter du flamenco en Allemand… (Sébastien) Cela dit Pandora, en plus d’être notre caution féminine, est aussi notre caution anglaise… donc on a le droit, non ? (Alex)

Quelles sont vos pop-songs préférées ?

— Beercan de Beck (Alex) Surf’s up des Beach Boys (Sébastien) Act of the Apostle de Belle & Sebastian (Pandora) Shady lan de Pavement (Boris) Till the words end de Britney Spears (Manu)

Etes-vous nostalgique de ce bon vieux temps et de cette époque révolue que vous n’avez pas connue ?

— Oui pour le son, les enregistrements, la (parfois) fausse) naïveté, le talent de certains, et le champ des possibilités…franchement un « Their satanic majesties request » c’est encore possible de nos jours ??? Si oui, de toute façon ça a déjà été fait….sinon « le bon vieux temps » c’est un peu un fantasme. (Sébastien) Mais si c’est encore possible…et même des trucs encore plus fous… C’est juste qu’on devient des vieux cons. (Alex) Et bien oui quand même !! Heureusement il y a toujours des groupes, qui à travers leurs expérimentations réussissent à rencontrer un large public… Animal Collective par exemple. (Boris)

Comment fait-on pour créer des chansons sensuelles et mélodiques comme les vôtres, mémorisables avec un son porté par des arrangements taillés sur mesure ?

— On se ballade avec un enregistreur et dès qu’on est porté par une émotion, on la fredonne et c’est gagné… Sinon pour l’inspiration, on n’a pas fait mieux que l’amour et les ruptures… mais à la fin c’est fatiguant…(Alex) Puis on fait des tentatives, on réécoute, on arrange, bref, on bat le fer. (Sébastien) Seb est fan des métaphores artisanales. (Manu)

Avec un petit coup dans le nez, on pourrait vous apparenter à un groupe mexicain de mariachi, qui revisiterait les Beatles, à coup de tambours et autres instruments atypiques, pourquoi avoir choisi un nom à consonance mexicaine ?

— Je me pose toujours la question. (Sébastien) Bah… de la culture américaine et ses grand espaces au Mexique, il n’y a qu’un pas… Enfant lorsque je regardais des westerns j’étais fasciné par les personnages mexicains plutôt que les cowboys ou les indiens… ça m’a suivi ado avec la découverte de héros de la révolution (Pancho Villa), puis plus tard avec d’autres symboles mexicain : la lucha libre, les couleurs, les pélicans… c’est difficile à expliquer… mais finalement c’est plus un délire qui a duré dans le temps… A part ça le nom « el botcho » vient de « to botch » en anglais, qui je crois veut dire « rafistoler »…et oui je l’ai un peu “imposé” aux autres. (Alex) Et c’est facile à mémorihttp://agorafrog.wordpress.comser, non ? (Pandora)

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaitez et ou peut-on croiser votre route ?

— Ce qu’on peut nous souhaiter, c’est de rencontrer un public… ce qui n’est pas évident dans un champ aussi large que la pop… Et que cet album connaisse un accueil assez favorable pour nous donner l’envie de continuer avec cette formule (c’est fatiguant l’auto-production - surtout lorsque tout le monde bosse à côté.. ; mais bon on sait que c’est super dur pour tout le monde donc déjà si nos chansons plaisent, c’est cool)… On peut nous croiser le 7 juillet à l’International à Paris, le 21 juin à Toulon et le 20 juillet à Brignoles (83) En tous cas, merci beaucoup pour tes questions et au plaisir de se croiser. (Alex)

Remerciements : El Botcho, Alex, Manu, Sébastien, Boris, Pandora

Interview réalisée par Clément Bustelo (Blog AGORAFROG)