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"Drowsy" signifie "somnolent" mais le singer-songwriter objet de cette chronique aligne quatorze titres sans sourciller. En matière de paresse on s’éloigne de Philippe Noiret dans Alexandre Le Bienheureux. Drowsy est ressortissant finlandais -son nom de baptême le laisse d’ailleurs deviner : Mauri Heikkinen- mais il chante (bien) en Anglais. Drowsy affiche la vingtaine outrancière, vingt-deux ans par souci de précision, mais à l’écoute de sa voix on lui accorderait plus du double. Bref Drowsy se place à chaque fois sur un terrain où on ne l’attend pas. Vert le terrain de préférence et couvert d’une végétation abondante (Growing Green). C’est que le premier Lp de Mauri Heikkinen respire le bon air. Celui qui circule dans les espaces ouverts et peu encombrés d’obstacles. Des espaces à l’image de son folk aérien et bucolique. Un folk capturé en territoire connu, à la maison plutôt que dans un studio dernier cri trop exigu pour laisser respirer le talent. La respiration de Heikkinen d’ailleurs, le son de sa chaise qui craque ou les défauts de sa prononciation dans une langue étrangère s’entendent distinctement sur Growing Green. L’authenticité prime donc. Et la singularité. Car ce qui distingue Drowsy d’autres aspirants folkeux charriant l’héritage d’un acid folk sixties, c’est sans doute sa capacité à ébranler à chaque seconde le confort dans lequel s’installe doucement son morceau. Une modulation impressionnante de voix qui la rend quasi méconnaissable ici, un harmonica, une basse, un orgue là, une touche électro mesurée ici et là. Ainsi qu’une utilisation maligne de la reverb naturelle. Comme sur l’introductif " Some Cursing ", jolie ballade automnale ou " Harmless ", titre sur lequel Drowsy dessine au piano un paysage de banquise terriblement addictif. Un Syd Barret qui demanderait à sa mère de rompre son temps de réclusion pour jouer dans la neige avec ses instruments. Le mercure grimpe de quelques crans par la suite, " 5 Bright Dawn " et " I Watch The Sky " injectent par exemple une dose de Smog dans une veine dylanienne. La redescente s’opère sur un " No Footprints To Trail " aussi court que génial : une caisse claire timide court après un piano légèrement saturé, le tout discipliné par la voix de Drowsy rendue un instant fluette. Conquis, l’auditeur suit Heikkinen vers la sortie aux sons de " Great Scintillates " magnifique exercice wyattien ou d’un " Home Hits " débonnaire où flûte, handclaps, batterie (de cuisine !) et basse jouent à " je te tiens tu me tiens… ". Le premier qui rira, aura une tapette. Car Drowsy signe ici un excellent premier effort. Et un bel effort accompli par un somnolent mérite qu’on le souligne !




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