Interview réalisée en janvier 2005
La dégaine. A moitié à poil sur la pochette de Doldrums, Ariel Pink semble être un personnage étrange. Un disque étrange et passionnant aura suffit à nous donner envie d’en savoir un peu plus avec le californien. Quelques mots volés avant son décollage pour une tournée européenne.
Salut Ariel, comment ca va aujourd’hui ?
— Très très occupé, mais en même temps très très excité de partir pour l’Europe dans moins d’une semaine.
En fait qui est réellement Ariel Pink ?
— Moi bien sur. A qui t’attendais tu ? (ndlr : le bide)
Doldrums que l’on découvre à peine, doit te sembler comme un vieux disque vu que tu l’as enregistré il y a deux ans ?
— En fait j’ai l’impression qu’il a été enregistré dans une autre vie. J’ai vraiment du mal à me souvenir où vagabondait mon esprit à cette époque, je me demande même s’il est revenu…Ce disque est un point d’ancrage, un aboutissement, et il est très spécial pour moi, objectivement.
Comment fais tu pour écrire tes chansons ?
— Pour moi la composition va de paire avec l’enregistrement. Je n’écris jamais de morceaux, j’enregistre des parties, des bouts de chansons qui me viennent assez sporadiquement. Ensuite cela me prend souvent des mois pour assembler ces petits bouts, en faire une chanson ou seulement un passage d’une chanson. Et je stimule mon cerveau pour recréer le morceau exactement comme je l’avais imaginé la première fois, en occultant le fait que, la plupart du temps, je ne l’ai joué que sur un seul instrument. De ce fait je garde ma " sonic sculpture " libre de toute forme prédéfinie.
Tu fonctionnes donc plutôt à l’instinct.
— C’est tout à fait ça. Au point de vue musical, je me fais extrêmement confiance, plus qu’à quiconque. Mais c’est uniquement dans ma musique, dans la vie je ne suis qu’un individu normal. Collaborer avec quelqu’un d’autre est une chose totalement différente, mais c’est très excitant aussi. Tout le monde devrait collaborer avec quelqu’un d’autre, sans tenir compte des intentions ou du style des personnes. Il devrait faire une loi…
Comment fais tu pour adapter tes morceaux sur scène ?
— Avec beaucoup de difficultés. Actuellement j’ai un groupe, qui m’accompagne. Quand tu joues sur scène c’est mieux d’être entouré d’autres musiciens, c’est l’idéal. Cet échange te permet de créer de nouvelles choses et d’évaluer la qualité des chansons. Ceci dit je n’ai pas toujours la possibilité, le luxe d’avoir un groupe avec moi. C’est parfois assez complexe à gérer. Donc parfois je me retrouve seul sur scène chantant sur mon propre cd ! Ou un quelque chose dans le genre…Je crois que j’ai exploré beaucoup de scénario possible sur scène.
Bon on sait que tu as été plus ou moins découvert par Animal Collective lors d’une de leur tournée. Mais en fait on ne connaît pas la vraie histoire…
— La vérité n’est pas très excitante en réalité. Le mot découvrir est quelque peu stupide en ces temps. Je les ai rencontré grâce à un ami commun, je leur ai passé un CDR, comme j’ai l’habitude de faire avec beaucoup de gens. Je ne savais même pas qu’ils avaient un label ou quoique ce soit, je ne connaissais pas trop leur musique non plus. Quelques mois plus tard ils m’ont envoyé un email disant qu’ils avaient bien réfléchis et qu’ils voulaient sortir quelque chose. Le reste fait partie de l’histoire.
Je suppose que tu dois déjà penser au prochain disque. Vas-tu aller en studio ou continuer à composer sur ton 8 pistes ?
— Je ne sais pas trop encore. Je n’aurai jamais imaginé avoir autant de retour dans la presse, de partir en tournée en Europe...Cela m’ouvre de nouvelles possibilités. Je suis toujours un peu ailleurs, donc je ne peux pas dire ce qui va arriver après. Ce qui est sur et certain, et cela n’a rien à voir avec mon budget, ou le temps passé en studio, c’est que j’enregistrerai toujours et encore sur mon vieux 8 pistes pourris, parce que ca m’ait très pratique. Mais j’essaye toujours de faire des choses différentes, donc pourquoi pas essayer un jour d’avoir une production un peu plus clean.
Au fait Bjork t’as piqué le concept de l’human box…
— Ahah, sauf que moi je n’ai pas besoin d’engager quelqu’un pour le faire à ma place.
Tes sites internet, et ton artwork sont assez étranges, voire second degré parfois.
— Ben je suis un très mauvais comédien, donc je n’essaye pas d’être drôle. Si jamais tu perçois du second degré ou de l’humour, c’est simplement ma personnalité qui prend le contrôle. Souvent pour le meilleur ou pour le pire…
Les influences ? La Californie, tes amis ?
— Oui, tout m’influence, mon environnement matériel, ma famille…La liste grandit chaque jour, mais je suis trop fatigué pour te donner des noms.
Que peut on te souhaiter pour 2005…
— Du bonheur et de l’amour
Une chanson que tu aimerais reprendre ?
— j’en ai fait tellement…
Qu’est ce Haunted graffiti :
— Un de mes nombreux projets… ?