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Interview réalisée via mail en Octobre 2007

Avez-vous une passion pour l’homme éléphant magistralement mis en image par Lynch

— Elephant Man a été un film marquant pour nous. John Merrick est fascinant. On s’attache à lui car derrière sa difformité physique se cache un être intelligent, touchant et plein d’amour. Le film de Lynch est difficile car il nous met face à nous-même, face à nos défauts, face à notre peur de la différence. Pour la parallèle avec notre groupe, en dehors de notre admiration pour le cinéma de Lynch et Elephant Man, je crois qu’on pourrait la justifier par notre musique qui est assez difforme au final puisqu’elle va puiser dans plusieurs styles et plusieurs époques. On espère qu’elle puisse être tout aussi attachante que le personnage John Merrick.

Comment est né le groupe ?

— À l’époque (en 2003), nous avions chacun un groupe respectif mais pour tous les trois, il s’agissait d’une fin de cycle pour ces projets. On avait besoin de quelque chose de nouveau, quelque chose qui nous sorte de nos musiques de prédilection (Franck, la musique électronique - Cyril, le rock et Nicolas, la pop) et nous ouvre une nouvelle porte. L’idée de fusionner la pop, le rock et la musique électronique était excitante alors nous avons commencé à écrire des morceaux et à maquetter dans notre petit home-studio sur un vieux PC et du matériel de fortune. Dix morceaux plus tard, nous avons été approchés par deux petits labels. On a choisi celui qui nous semblait le plus proche de nous en terme musical et voilà, l’aventure a commencé, un album, quelques live et surtout le plaisir de faire évoluer le groupe.

Quelles étaient vos influences respectives ?

— Pour Franck, le spécialiste de l’électro, c’est Depeche Mode, Kruder & Dorfmeister, Kraftwerk, Massive Attack, le reggae, le dub… Pour Cyril, le bassiste, c’est le rock avec Nirvana, Led Zeppelin, K’S Choice, le rock alternatif… Pour Nicolas, le chanteur, c’est la pop et la folk avec les Beatles, les Kinks, Nick Drake, Blur The Beta Band…

Sur votre page myspace vos influences sont iconoclastes, caractère que l’on ne soupçonne pas derrière vos chansons. Jugez vous votre musique trop sérieuse.

— Nos influences ne sont pas uniquement musicales. Ce sont des tranches de vie, des sportifs, des acteurs, des écrivains et même des amis. Tout ce que l’on croise et qui a un impact, c’est une influence.

En parlant de myspace, quel est votre point de vue sur l’Internet et la musique ? Quelle est votre opinion sur la musique libre et gratuite ? Cette porte grande ouverte n’est elle pas une marée qui fini par nous noyer ?

— À vrai dire, il y a du bon et du mauvais. Le bon, avec Internet, c’est la possibilité de faire entendre sa musique et de s’ouvrir des portes, rencontrer des gens, peut-être même son futur public. Désormais, les groupes, les artistes ont une vitrine, organisent leur communication et créent un vrai réseau. Pour le côté négatif, avant de parler de gratuité, parlons du concept du téléchargement massif qui opère avec le Peer 2 Peer. Avant, les gens faisaient la démarche d’acheter un disque, ils l’écoutaient en magasin, ils pouvaient lire les chroniques qui ont été écrites et ensuite, venait la décision d’achat. Maintenant, on veut tout écouter, s’abreuver de musique jusqu’à plus soif et il n’y a plus le côté charmant d’acheter un disque, ouvrir le cellophane, mettre le disque dans le lecteur, s’asseoir dans un canapé et écouter. Tout est trop rapide, trop jetable. Le mp3, malgré ses qualités (mobilité, conformité au progrès…), est un support jetable, un clic droit et il se retrouve dans la corbeille ou dans un dossier archivé, celui que l’on oubliera… Pour le côté " gratuit " de la musique, c’est une absurdité. Pourquoi la musique serait-elle gratuite ? Pourquoi serait-elle une exception dans l’Art ? Est-elle devenue si " bas de gamme " que l’on puisse se la procurer sans une contrepartie ? Je ne crois pas. Acheter de la musique, c’est avant tout, respecter le travail des artistes et leur permettre de continuer de produire des albums.

Quel est le futur du John Merrick Experiment ?

— Pour le moment, nous sommes en train de travailler sur le deuxième album dont la production et le mixage sont fixées pour le mois de novembre. En parallèle, nous préparons un live solide avec notre nouveau guitariste. Suite au prix " Paris Jeune Talents ", nous allons avoir de belles opportunités de développer le groupe alors nous sommes dans les starting blocks.

Le mot de la fin est pour vous :

— Allez voir Control, le film d’Anton Corbijn sur Ian Curtis et le groupe mythique Joy Division. Tout simplement la meilleure biographie musicale réalisée.



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