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26/09/15 – Le Temps Machine – Joué-les-Tours

Nous avons profité de la belle affiche proposée par Le Temps Machine à Joué-les-Tours (avec Filiamotsa et MellaNoisEscape) pour échanger avec Laetitia et ses comparses quelques heures avant leur passage sur scène. L’occasion d’avoir leur vision de la vie du groupe : sur la route, en studio, les rencontres, les galères et les joies ! Un moment tout en générosité dont on a extrait - avec autant de précaution que possible - la substantifique moelle.

Comment a commencé l’aventure de la tournée pour le dernier album ?

Laetitia Shériff : Au tout début, alors que le disque était encore en train d’être fait, j’ai demandé à Thomas si il voulait bien venir jouer dans le trio.

Thomas Poli : Je ne devais pas être sur la route normalement, ça devait être Olivier Mellano.

LS : Mais Olivier était plus parti pour se lancer dans son projet perso (MellaNoisEscape), et c’est comme cela que je me suis retrouvée à faire les grattes en studio, ça n’était pas prévu non plus. Pour faire une genèse du projet : Olivier devait jouer sur le disque ainsi que Nicolas Courret, et Carla Pallone...

TP : Au moment de partir sur la route, c’est là où Laetitia s’est posée la question et m’a demandé si je voulais reprendre les parties de guitares.

LS : On s’est dit que ça pourrait être intéressant de partir en tournée crash test, le disque n’était pas encore mixé, on ne savait pas encore comment il allait sortir. On a fait 3 dates, on a commencé par Epinal, puis Vendôme, la 3ème date c’était le Lama en Bretagne. Ce sont des gens qui nous suivent, comme les Vendômois, Figures libres, qui ont pris le risque, nous ont soutenus.

Nicolas Courret : François [des Tontons Tourneurs] nous a ensuite trouvé cette série de 10 dates en 10 jours, puis une onzième s’est ajoutée. On a sillonné la France, dans des petits lieux, concerts en appart...

LS : Ça nous a permis de trouver notre son live. C’est comme ça que Dominique Brusson nous a vu jouer à Lille et nous a dit "je veux bosser avec vous". Et aussi Didier aux lumières nous a vu à Nîmes : c’est vraiment le duo de choc qui bosse avec Dominique A. Puis on a eu le soutien du festival des Embellies à Rennes qui m’a proposé une carte blanche dans la foulée et ça a aussi généré des temps de travail, on a pu essayer des choses avec Dom B. au Jardin Moderne. La soirée carte blanche s’est finie en 2 soirées et ça a généré beaucoup de choses ultra positives. Entre temps, François nous a suggéré d’envoyer une démo à Yotanka en janvier 2014.

TP : Jusqu’en janvier 2014 on ne savait absolument pas comment le disque allait sortir. Il a été mixé en janvier 2014 puis masterisé en février. On avait fait le choix de le sortir sur Impersonal Freedom. On avait tendu des perches, démarché, les gens trouvaient ça super mais pas de réponses positives pour le sortir. Alors on s’est dit on le sort nous-même et c’est là que Yotanka est arrivé, on a fait une licence avec eux et ils se sont occupés de tout. On a gardé le côté artistique et eux ont pris le relais sur la com’.

LS : Ce qui est vraiment chouette c’est que les personnes de Yotanka m’ont demandé de lister quels étaient mes besoins. Avec tout ce cheminement, je savais exactement ce dont j’avais envie et besoin surtout. Il y a de vrais réalités, par exemple vous nous posez une question sur la tournée et on vous parle du disque parce que tout est lié.

Est-ce que vous vous attendiez à faire autant de dates ?

NC : Au démarrage on n’avait pas une vision de ce qui allait se passer.

TP : On ne s’attendait pas à ce qu’il y ait autant de dates, à ce que ça s’étende dans la durée, à ce qu’on refasse un disque très vite.

LS : Il y a une entente magnifique entre Yotanka et les Tontons Tourneurs et Patchrock avec les Embellies. Amandine des Embellies est là avec nous, c’est notre tour manager et c’est devenue aussi ma manageuse. J’ai bossé dans d’autres domaines au sein des Embellies, avec des ateliers avec des enfants et j’ai vu comment ça fonctionnait avec Amandine. On ne peut qu’être content au final de comment ça s’est passé. C’est pas de la surenchère, ça devrait être comme ça pour tout le monde. Ce qui prend le plus de temps c’est de rencontrer les bonnes personnes et ne pas arriver en disant : "je veux ça, ça et ça" : ça marche pas.

TP : Il faut toujours s’accrocher à la musique. On a toujours tenté des nouveaux trucs. Tout ce qui nous est arrivé, de nous faire voler nos instruments, ça ne nous a pas empêché de nous dire : on va continuer à faire des dates, on va trouver des solutions. On était bien motivé autour de tes chansons, Laetitia ! C’est un projet qui nous donne envie d’être super investi.

À partir de Where’s my ID ? on a senti un nouveau départ dans le style...

LS : J’ai enregistré "Where’s my ID ?" avec Thomas Poli qui l’a sorti sur Impersonal Freedom. Avant même tout ça, c’était le challenge de jouer les grandes et de faire tout en m’amusant, de tout jouer toute seule. J’ai toujours fait confiance aux gens comme Olivier et Gaël avec qui j’ai bossé pendant 7 ans. C’était super plaisant ce virage avec tous ces arrangements en solo, je ne me suis pas posé trop de questions pour que ça existe, tout simplement. Pour cette 2ème étape, il faut que j’imagine des choses avec Carla. Pour Nico c’était déjà vu, je lui ai demandé si il voulait bien...

NC : …Et j’ai dit "oh oui !" C’était en 2012 quand tu m’en as parlé. J’avais remplacé Gael Desbois sur une fin de tournée en janvier 2009 et Thomas a aussi remplacé Olivier Mellano sur certaines dates de cette tournée, donc on avait déjà testé cette formule à 3.

LS : Je me sens libérée, mais je n’étais pas prisonnière avant. C’est une autre façon d’envisager la musique. Il y avait une couleur sur les 2 premiers albums qui venait aussi du duo Mellano et Desbois et de leur expérience dans Mobiil. Olivier dans sa façon de travailler va beaucoup plus loin que moi dans les arrangements, il y a beaucoup de couches et d’éléments. Je trouvais ça assez chouette de passer à l’époque du solo voix/guitare et de me retrouver avec tout ça, c’était magique, ça a été 7 ans magnifiques. On a réadapté les morceaux que je jouais en solo, c’était génial, je planais, j’écoutais nos répètes en boucle. Maintenant, c’est le jeu de Nico et les guitares de Thomas qui colorent les morceaux.

LS : Pendant la tournée ’crash test’, on s’est dit, c’est ça notre futur, on ne fera pas forcément de salles, autant trouver un son direct à l’ampli.

TP : C’est à l’écoute de l’album aussi, on est sur un axe du temps réel, pas piloté par un ordinateur.

Est-ce que vous avez joué dans des pays étrangers ? Est-ce que vous souhaitez en faire d’autres, et lesquels ?

LS : on a fait le Québec en 2014, on a été invité à jouer par Sandy Boutin à ce merveilleux Festival de Musique Émergente. C’est parti de là, cette possibilité de faire autant de dates parce que ce festival, c’était aussi un rassemblement d’acteurs du milieu culturel. On était à 600 bornes de Montréal, au milieu de forêts, tu es zen, tu vas pas checker tes mails, tu as une vraie disponibilité des programmateurs et des festivaliers, des musiciens. C’était aussi l’occasion de jouer plusieurs fois dans des conditions différentes. C’est le test ultime pour un groupe de se dire, on y va, on n’a pas besoin de grand-chose pour jouer. Suite à ça, on est parti en Belgique, Suisse, Allemagne. Dans nos rêves, on aimerait jouer à la Réunion, l’Australie.

TP : il y aurait pleins d’endroits où ce serait génial de jouer, mais ça s’accompagne généralement d’une sortie de disque dans le pays, et là c’est toujours un peu compliqué. N’importe quel groupe, si il veut partir jouer à l’étranger le peut, il faut avoir un peu d’argent de côté et tu payes toi-même…

LS : si tu as une mamie bien riche… (rires) Une mamie zinzin.

Quel est votre ressenti sur l’évolution de votre set durant la tournée ? On a eu la sensation d’une vraie évolution au niveau du son, du set, au fil des concerts.

TP : C’est le cas sur chaque tournée, les morceaux évoluent, tu les joues tous les soirs, tu les modifies sans t’en rendre compte, un petit truc + un petit truc, et si tu sépares ça de 2 mois, tu vas trouver une nette évolution. Je pense que c’est normal de sentir ces évolutions, qu’il y ait des changements, parce que c’est vraiment vivant, il n’y a pas de séquences, pas de programmations, pas de trucs très définis. Ça dépend des salles, ça dépend des amplis, ça dépend de comment nous on va attaquer.

LS : De nos corps, aussi. Mais après on est assez régulier là-dessus, même quand on est rincé, on a quand même un truc qui se passe. Je n’ai jamais joué autant, et quoi qu’il arrive, physiquement il se passe un truc, il y a une énergie. C’est flippant, on se dit je vais m’écrouler… et en fait non, y a un truc, et même ça te rend plus en forme.

NC : C’est difficile de savoir pourquoi et comment, mais c’est vrai qu’on joue des morceaux comme ça plusieurs fois devant des gens, il y a des réflexes qui se créent, des réflexes personnels et de groupe, et c’est là que c’est à la fois vachement bien parce que tu apprends à plus maîtriser physiquement le répertoire, le set, et c’est là aussi où des fois, à force d’aller dans ces réflexes-là, et bien tu perds des trucs et tu ne t’en rends pas forcément compte. Et tu dis, tiens celui-là on n’y arrive plus…

LS : Il y a un truc aussi qui est hyper important et il faut en parler : à chaque fois on rencontre des gens, on est accueilli dans des endroits, et c’est au moins 50 % des concerts.

Est-ce que vous abordez différemment de jouer dans un gros festival (les Eurockéennes, Vieilles Charrues) que dans un tout petit lieu comme le festival Partie(s) de Campagne (Ouroux-en-Morvan, voir notre report ?

NC : On n’ a pas vraiment le temps ou les moyens de préparer différemment. On l’aborde forcément un peu différemment dans le sens où souvent tu dois jouer 45 min, tu adaptes le set, tu sais que tu n’as pas le droit de dépasser, il y a certaines choses comme ça qui font te rappeler que c’est pas tout à fait comme d’habitude.

TP : J’aurais voulu qu’on double tout sur scène, double d’amplis. J’aurais vraiment voulu un truc puissant.

NC : 2 batteries aussi (rires)

LS : On a eu des sensations de malades : tu commences à faire ronronner ton ampli comme jamais, parce qu’il y a aussi ce truc-là de grandeur de lieu. Juste demander à Nico : ça va, c’est pas trop fort ? Non c’est trop bien (putain !), ça sature sans pédales ! Ça fait un peu cliché, mais bon c’est super agréable. Il y a un truc comme ça, quand tu es chouchouté, par une équipe technique aux petits soins. Le truc qui est super sur ces gros festivals, c’est qu’on a réussi vraiment à être hyper organisés, soudés, histoire que tout se passe bien. Chacun savait ce qu’il avait à faire, du coup moi je pouvais aller flipper tranquillement, me prendre un demi litre de fleurs de bach. On s’est super marré.

Pourquoi ce choix en concert de ne jamais faire de rappel (choix que personnellement, on apprécie) ?

LS : Il y a ce truc d’avoir envie de passer un peu plus de temps avec les gens après, pour ceux qui resteraient. Mais aussi parce que le set est construit comme cela. Tu peux passer un super concert, et allez hop on s’extirpe, c’est pas naturel, puis tu reviens et tu as déjà perdu le truc. Et ce sont les dernières notes, c’est ce qui restera. Et après la chanson qu’on a mis en dernier, "Far and Wide" pour moi je trouve que c’est un générique de fin. C’est cette image là que j’ai envie que les gens gardent. Le plus souvent, le dernier morceau est très important. Et puis en plus on n’a pas un set qui nous permet de faire 36000 rappels. Dom. A lui quand il fait un rappel, c’est quasiment un 2ème concert ! (rires)

NC : Ouais, c’est super agréable. Moi j’ai jamais trop connu ça, j’ai toujours eu le truc du rappel et c’est vrai que quand tu y réfléchis tu te dis bon, tu finis ton dernier morceau, tu sors, tu vas derrière la scène, tu attends un peu, voilà… On y va, on y va ? Non, non attends… allez ok, go ! Et tu te dis, putain mais c’est con !

LS : Ou il y a pire, c’est que tu as marqué rappel, tu sors de scène, et là rien… et t’as mis ton meilleur morceau à la fin pour ton rappel et tu ne peux pas le jouer… ou alors tu le joues (devant personne). Ça aussi, c’est tous ces codes-là, que j’essaye d’expliquer très simplement quand on me pose la question au merch… mais ça va souvent avec : "Pourquoi tu chantes en anglais ?"

TP : Les rappels, je vois plus ça comme : le groupe s’en va et il y a un changement technique. J’ai vu des rappels, comme un concert de Beck, ou du coup il y avait un mec qui restait et faisait le show grave avec ses machines, un super DJ, pendant que ça changeait pleins de trucs sur scène, et après ils revenaient jouer des morceaux. Du coup c’était pas le truc genre : on va se planquer, on attend et puis hop on revient.

LS : Ou alors tu joues 2 fois le même set. On était dans une boite de nuit avec Trunks, le patron nous a demandé 2 sets, 2 fois la même chose.

NC : Tu fais ton concert, tu sors de scène puis tu as le patron qui descend dans la cave et dit : "- Quoi ? Vous faites la pause, là ? - Non c’est fini. - Non, non attendez, ici ça se passe pas comme ça. Vous faites une pause, vous buvez une bière et vous rejouez !" On rejoue devant 10 personnes… (rires)

Quels sont les retours sur votre dernier album Pandemonium, Solace and Stars ?

LS : Quand on en a discuté avec Yotanka, je disais je suis assez proche des radios associatives, des webzines, etc. Si il y a du national, tant mieux, mais je sais très bien comment ça marche. Très naïvement, il y a 10 ans, je pensais que faire partie de la compil des Inrocks c’était juste cadeau, sauf que non ! Tu dois mettre un billet. Donc il y a tout ce truc-là qui est un peu biaisé, je sais que les choses les plus sincères et les plus belles que j’ai pu lire, c’est souvent sur des webzines. Comme sur À Découvrir Absolument, la 1ère chronique qu’on a eu, on a juste halluciné. De mon point de vue sur les retours, ce sont nos amis et les gens qu’on retrouve en concerts qui nous touchent le plus.

NC : J’ai lu plusieurs chroniques, que ce soit sur de la presse ou du web, qui étaient vachement bien écrites, dans le sens où les gens qui ont été touchés par l’album en parlaient vachement bien. Pour le coup ça fait hyper plaisir !

LS : C’est vrai ce que tu dis Nico, quand c’est balancé comme ça, on se les prend en plein cœur.

Thomas, on te sent très attaché au côté artisanal, analogique, que ce soit en musique, ou pour communiquer, notamment avec la feuille d’infos photocopiée & à prix libre Impersonal Paper. Pourquoi ce choix ?

TP : En terme de son, j’ai toujours aimé voir le signal passer par des trucs, je ne suis pas très branché digital. J’ai une relation assez hostile avec les souris et les trackpads et les écrans, et avec le fait qu’on peut se perdre beaucoup plus facilement dans un ordi pour ce qui est de créer de la musique, du son. J’aime bien les choses assez basiques, j’aime bien travailler avec du matos qui fait une chose très bien et pas 5. Et puis parce que je suis un geek de micro, j’adore le microphone, l’acoustique, l’air et tout ça quoi. En 2000, je me suis acheté mon MS 20, c’était mon 1er synthé, et je voulais ce truc-là. J’étais branché dans la synthèse et on n’en était pas du tout là à cette époque. Après c’était la guitare, et puis tu te dis, bon quand on a une bonne guitare et un bon ampli, l’étape supplémentaire pour la faire perdurer, c’est un micro. Ça fait 15 ans que je fais ça : en s’équipant d’un truc après l’autre tous les ans, tu commences à avoir ce qu’il faut pour faire un disque. J’avoue que j’ai un peu mis le turbo pour celui de Laetitia au niveau équipement, mais si on remonte à 2012 pour "Where is my ID ?", on a eu cette console qu’on a racheté à Dominique A (celle sur laquelle a été fait "Remué"), un compresseur et un micro, on a quasiment rien. Depuis, on s’est équipé pour Impersonal [Freedom] et pour continuer à faire d’autres disques.

Pour la feuille d’info, je trouvais ça bien de le faire comme ça, parce que j’ai pas de réseaux sociaux, je ne suis pas encore passé à ça. Je me dis que ça peut avoir un petit côté sacré aussi, ce truc imprimé, t’as découpé, tu t’es fait chier à le coller… J’ai un vrai questionnement par rapport à l’archivage des choses, j’aime bien les choses qui restent, où tu peux tomber dessus par hasard. Le papier je trouve ça cool aussi de le faire même si t’en fais pas beaucoup, c’est pas un outil de communication ni de pub, c’est un truc juste pour les gens que ça fait triper. C’est pour les fans quoi. Si je vois ce truc-là, je le mettrai dans le disque que j’ai acheté dans la soirée… ouais, je suis un fanboy, je suis un fan de la musique.

LS : Dans le livre d’or, il y a plein de trucs qui commencent à s’accumuler, j’aime ça, des vieux papiers, je sais pas ce que je vais en faire, mais je sais que quand je retrouve tout ça à un moment donné, ça m’évoque des choses…

TP : Et ça c’est une mémoire aussi, c’est pas un truc digital, un post sur le moment, et c’est des choses qui s’oublient…

On a appris il y a peu qu’il y avait du neuf en préparation (EP The Anticipation ), pouvez-vous nous en dire plus ?

LS : L’idée c’était qu’on enregistre tous les trois. Tout à l’heure, on vous a parlé qu’on avait commencé à jouer ensemble en 2009, ça commence à faire pas mal d’instants qu’on passe ensemble et pour moi c’était important justement de m’éloigner de ce que j’ai pu vivre avec "Where is my ID ?" en étant toute seule, ou "Pandemonium...".

TP : Tout était booké, on était en tournée l’été, on n’avait pas encore de morceaux ni trop de pistes, on avait juste des bribes de mélodies, 2 jours chez Klaus [un de leur sonorisateur en tournée – NDLR]. Après on est parti faire Carhaix, Dour, et puis après on s’est retrouvé au Black Box… NC : Et c’était 4 jours pour 5 titres : enregistrer, mixer, masteriser, on a tout fait là-bas !

LS : On s’est vraiment fort éclaté, il y a eu des doutes aussi, mais c’est super de faire ça vite, avec Thomas et Nico. Et puis il y a la magie Peter Deimel au Black Box, qui propose en plus des choses qui magnifient l’instant, des choix au niveau des sons...

Justement, vous avez sur les dernières productions (derniers EP / LP) enregistré dans votre studio ; pourquoi avoir cette fois choisi le Black Box ?

LS : Je ne voulais pas que Thomas se retrouve encore derrière la console, je voulais qu’il soit là en tant que musicien, c’est ce que je suggère un maximum quand c’est possible, au sein de groupes.

TP : Si tu vois les sous que chaque membre d’un groupe met tous les ans dans du matos qui sert une fois, ça fait une sacrée somme au final. Si tu dépenses ce budget-là dans un vrai studio pro, tu peux faire un très bon disque tous les ans.

LS : Et par rapport à ta question du choix, c’est encore une fois une histoire de rencontre, parce qu’il faut juste se dire que Peter [Deimel] est hyper accessible, il va voir des concerts, pour découvrir des choses. J’ai eu la chance d’aller plusieurs fois au Black Box avec Trunks pour des prises et du mix, là je rêvais vraiment de pouvoir le faire pour mon projet. Tu sors du studio Black Box, t’as un truc en plus… confiance, ou j’en sais rien, mais t’as un truc en plus.

TP : et t’as des bandes sous le bras ! Que tu peux mettre dans une étagère.

LS : Il permet vraiment de prendre confiance en toi, Peter.

TP : Et puis nous on aime ces trucs analogiques, de prendre des trucs, de brancher, d’essayer, là-bas c’est juste parfaitement pensé pour ça. Acoustiquement, les pièces sont géniales, tu as une pièce de batterie qui est démente, une autre pièce plus mate, tu peux faire vraiment ta config comme tu le sens, pour un groupe de rock c’est parfait, parce que tout le monde est en visu tout le temps, on se voit, on joue ensemble, mais les sources peuvent quand même être isolées, etc. Et après, tu as toutes les couleurs que tu peux imaginer en terme de micros, pédales de guitare, c’est trop bien !

LS : Je pense que c’est possible pour des personnes qui ont besoin de découvrir le lieu, de passer un petit coup de téléphone au Black Box et de passer, juste par curiosité.

TP : C’est un des meilleurs endroits qui puissent exister pour faire un disque. Parce que c’est dans la campagne, le cadre, le design du studio, c’est vraiment très bien foutu. C’est tellement fluide.

Avez-vous d’autres projets en cours ou à venir ? La suite de Laetitia Shériff ?

TP : avec ESB [trio avec Yann Tiersen et Lionel Laquerrière], on sort le disque le 16 octobre sur Bureau B, un label allemand qui est spécialisé dans une niche musicale : krautrock allemand, musique synthétique et électronique. La moitié de leurs références, c’est des rééditions, et l’autre moitié c’est des nouveautés. Beaucoup de synthés, beaucoup d’analogique, beaucoup de trucs modernes aussi, notamment Lloyd Cole, que je vous conseille, il vient de sortir un disque de musique électronique. Des concerts à venir, une tournée en Allemagne, il y a une date aux Rockomotives à Vendôme, et après j’espère des dates à venir en France selon l’accueil du disque. En tout cas il y a une vraie volonté de tourner. Et donc c’est basique, setup analogique sur scène, tous des synthés et boîtes à rythme TR 808.

NC : Je commence une tournée avec DPU, Daniel Pabœuf Unity, l’album est sorti hier [le 25/09] sur un label du côté de Rennes qui s’appelle M comme Music. Cet album a été réalisé par un certain Thomas Poli. On commence les dates, on était hier en concert à Rennes à la salle de la cité – on est très content de ce concert – il y en a quelques uns à venir, c’est vraiment le tout début là, et puis j’espère bien qu’en 2016 il y aura d’autres dates avec DPU. Et puis je vais laisser Laetitia parler, mais il devrait y avoir quelques rendez-vous avec les 2 zozos là en 2016.

LS : C’est en projet, mais on va revenir à la source, on a parlé de crash test tour, on va finir par ça, on va essayer.

NC : On va essayer de faire un crash test à l’étranger, retourner un peu en Belgique, en Suisse, en Allemagne, il y a eu des sorties de disques entre temps, et puis terminer peut-être au printemps par un autre crash test tour en France.

LS : Aller revoir les gens qui nous ont poussé dans le dos, qui n’ont pas forcément la taille des SMAC etc. Parce qu’il y a des gens qui te poussent une fois lancé, mais il y a aussi des gens qui sont là depuis très très longtemps, et on a envie de les retrouver. Et je vais créer une chorale rock avec 2 comparses, dans une école à Rennes. Et je continue un ciné-concert que j’ai travaillé cette année, je vais repartir avec François Ripoche (Francis et ses peintres) et Stéphane Louvain (des Little Rabbits), autour du film Le Ballon Rouge d’Albert Lamorisse. Et Sa majesté des mouches… et d’autres petits projets, mais je vais pas en parler, c’est un peu trop tôt.