Projet solo de Paolo Mazzacani (Tempelhof’), Mèsico semble dénouer sous nos yeux les nœuds qu’une certaine pop aventureuse avait fini par se faire au cerveau à trop vouloir emmener cette musique vers un ailleurs où elle n’avait pas spécialement demandé d’aller. Avec « Pure and Shining » Paolo tient une forme de journal de l’intime à usage universel, s’emparant de toutes les lignes pouvant nous conduire vers le frisson. Ces chansons mélancoliques sont aériennes, débarrassées de toutes les pistes inutiles, sans pour autant paraitre comme un oiseau déplumé. Paolo, à l’image d’un Cathal Coughlan semble habité par des fantômes, laissant libre cours à des divagations musicales toujours en osmose avec une interprétation habitée.
La musique tendrait par moment à une forme de maelström de l’infiniment petit, comme une usine moléculaire adaptée à la musique, se frayant un chemin vers un jazz libre de tout, comme une face cachée qui se serait émancipée avec l’arrivée dans les années 90’s d’un trip hop que nous ne remercions jamais assez d’être né (l’épure gracile, mais imposante de « Harlem » est sur ce point un modèle du genre). On pourra toujours reprocher au disque de ne jamais véritablement décoller, et d’avoir placé sa pièce maitresse (Abdicate to Love) dés l’entrée du disque, mais comment s’en plaindre, quand au milieu de ce disque sinueux, mais jamais oscillant dans une topographie heurtée, au détour d’un instant de vie fort et d’un souffle, nous croisons « The Devotees ».
Mèsico est un projet intime qui semble appartenir à l’auditeur, lui donnant des ailes (« Good Luck » est un survol à rêver), même quand celles-ci semblent se consommer sous nos yeux à trop vouloir battre sur les courants d’un Radiohead à l’aphonie salvatrice (Oh Storm)
Au final, cet album est à écouter quand l’automne arrive, quand l’hiver se précise, quand le temps de se refermer pour garder de la chaleur est venu. Un disque à l’ambition simple de nous émouvoir sans provoquer des larmes. Pure and Shining.