Notre Léonard Cohen venu du pays des dieux de l’Olympe a dû passer une période difficile pour en arriver à essayer par le prisme d’un nouvel album, de reprendre goût, de croire en la musique. Pour cette résurrection Jim va utiliser le rembetiko, la musique de la vérité. Pas de triche, pas de chausse-trappe, pas de faux-semblant et de maquillage, c’est une écriture sèche et dépourvue de n’importe quelle source de diversion tentant de masquer une vacuité possible. Non Jim est seul. Lui face à sa guitare, elle face au vertige de la solitude, d’être la ligne mélodique et le souffle, la pulsion d’un cœur qui semble devoir battre au ralenti pour ne pas connaitre la panne. Les chansons sont celles d’un personnage des Enfers qui ressent le besoin de nous parler. La confrontation est épique dans le sens où le mal semble chercher le réconfort auprès du bien, éteignant les braises de l’enfer là où longtemps quelqu’un comme Nick Cave s’époumonera à souffler dessus, conscient que revendre son âme n’est peut être pas le pire acte à faire pour vivre.

The Other Side est un disque diabolique qui nous plonge dans des abysses de noirceur sans pour autant nous effrayer, arrivant à nous mettre dans la position préférentielle du spectateur qui assiste incrédule au spectacle d’un chanteur retrouvant le feu en réanimant les braises les plus ardentes et les plus prégnantes, celles de son âme. Jim fait un retour étonnant puisant au plus profond de son être pour renaitre. Magistrale.