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Une amie bien intentionnée m’a récemment fait découvrir un groupe super chouette des années soixante : les « Beatles » (rien à voir avec la voiture). J’aime beaucoup, je trouve que c’est bien senti, pop juste ce qu’il faut mais moins pushy que les Rolling Stones, qui sont eux (et c’est bien naturel au vu de leur talent) très très célèbres.

Et justement, il a fallu que le même jour (je me trouvais en voiture, j’allais à Carrefour) j’entende « RBH » des Oracle Sisters sur la FM locale. J’ai été happée par la mélodie, j’entends que c’est délicat, et direct je fonds en larmes de gratitude au volant. C’est que pour une fois, ma façade d’auto-radio me donnait le titre de la chanson (ça m’épargne un boulot de dingue, vous pouvez pas vous imaginer. L’ idée que l’on puisse utiliser autre chose qu’un téléphone fixe me révolte, alors un smartphone et Shazam… disons « non merci »).

J’étais encore sous le charme de la découverte de l’autre groupe (les Bitles) et là les Oracle Sisters avec deux-trois accords joués correctement à la guitare, petit son réverbéré, production nickel, un miracle en fait - le son est juste wow - en tout cas sortant d’une sono de Yaris, ça fonctionne. Et les voix ? Des choeurs qui ne sont pas sans rappeler le chant des Polyphonic Spree - le type se débrouille bien, on dirait que ça sort tout seul mais je suis sûre qu’il travaille à mort son chant (rien à voir mais les deux gars sont belges, elle est finlandaise, car oui, les Oracle Sisters sont trois). Et là boum, sur « RBH », à 02:18 (j’ai regardé pour vous hein) ils abuuuuuusent ils balancent leur petit refrain comme ça « Right beside her right beside her right beside her » ! En fait, ça en devient abstrait ce satané refrain. Je suis très sensible aux textes : quand ça dérape, je fonce, et là « RBH » c’est une trouvaille, un bijou en cristal, que je veux bien écouter dans le train aussi.

Car l’album « Hydranism » fonctionne comme une sorte de b.o. de voyage. Un joli petit voyage de rien du tout, modeste mais pas naze. Quand on appuie son front contre la vitre on voit plein d’éoliennes moches dans la campagne, mais c’est pas grave, le piano est assez doux pour poser délicatement quelques accords, les crescendos de guitare n’étant pas non plus frénétiques. On n’est pas bousculés si vous voulez. Le titre « Modern love » clôture le tout en beauté, tout gentiment, tout doucement, tandis qu’ils (les choeurs) recommencent leur boum surprise - à 00:53 cette fois…

Ça laisse songeuse : on est dans un ces compartiments de train marron dont les portes coulissent, on tire les rideaux, on est peinard, on fume en cachette mais comme le fauteuil n’est pas très confort, on a mal au cul, on s’allonge et là c’est l’accoudoir qui vous rentre dans le dos, mais tant pis, on reste et pourquoi ? Eh bien parce qu’on en a envie, figurez-vous. Est-ce-que ce « quiet » serait le « new loud », vraiment ? Les Oracle Sisters y travaillent ferme en tout cas, et oeuvrent comme ces comètes périodiques dont l’espérance de vie est très courte en comparaison avec l’âge du système solaire.




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