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C’est au détour d’une conversation avec un ami brestois, qui me demandait mon avis sur le troisième album (depuis 2020, ça bosse, pas mal !) des New-yorkais de Nation Of Language, qu’il trouvait sacrément irrésistible tout en questionnant son affection adulescente pour les pop songs ascendant new wave 80s, que je me suis décidé à y jeter une oreille décontractée. Il faut dire que le trio, mené par le couple – à la ville comme à la scène – Devaney, disposait d’arguments solides, notamment en matière de références populaires et incongrues (Orchestral Manœuvres In The Dark, Human League, voire Talking Heads), qui donnent le la d’un projet certes balisé – minimalisme synthétique, goût du motif répétitif, amour du chant réverbéré scandé comme à la grande époque – mais rafraîchissant, dans un registre duquel on n’attend plus grand-chose : n’est pas qui Tears For Fears qui veut. Car oui, c’est un peu le défaut de l’ambition passéiste d’un groupe au blaze pas sexy pour un sou (c’était mon argument pour NE PAS écouter Strange Disciple), au-delà du parti-pris mid-tempo et de sonorités électroniques qui se veulent modernes, ça manque cruellement de compositions mémorables. On l’oublie souvent, mais la pop synthétique des 80s n’était pas aussi superficielle qu’elle le laissait paraître, le son et les fringues sont une chose (clin d’œil à la scène française actuelle, pétrie d’influences au point d’en oublier de bosser l’essentiel), mais les chansons étaient belles et bien écrites et mémorables car avant tout des chansons. Remember, les millenials : Depeche Mode, c’est du blues, du blues de petits blancs, mais du putain de blues, qui colle du bleu à l’âme. Si Spare Me The Decision touche du doigt ce Graal, le reste est somme toute anecdotique, sauf pour les nostalgiques d’une époque qui a su produire le meilleur (ou le pire) d’elle-même et se passera très bien des resucées contemporaines. Pas méchant pour un sou, Strange Disciple singe sans ambition ses aînés, donne dans le lyrisme électro kraut (Stumbling Still) ou la house minimaliste bâtarde (A New Goodbye) et conclut par un horrible I Will Never Learn que ne renierait pas ce cher Étienne Daho, féru de contemporanéité périmée. Le titre du morceau conclusif sonnant comme un aveu, nous ne acharnerons pas plus sur Nation Of Language et ses velléités nostalgiques : sauf à considérer le vampirisme musical comme un marqueur qualitatif, ce qui n’est évidemment pas le cas, disciple de tout, certes, étrange, pas du tout.




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