Il y a de cela trois ans, nous vous parlions de Bowling, premier album de Pelouse, trio composé de Xavier Machaut (auteur et chanteur grenoblois), Valentin Ceccaldi  et Quentin Biardeau (tous deux membres du Tricollectif, référence du jazz contemporain français). En relisant cette chronique avant de me lancer dans celle de Découdre, je me suis retrouvé dans la position d’un chasseur sans munition poursuivi par une horde de félins assoiffés de sang, voyant se rapprocher la crête d’une falaise. Car je ne voyais pas quoi écrire sans recopier ce premier papier, ne pouvant dés lors, que suggérer chez le lecteur la stagnation.

Et là résonne la Forêt et sa situation critique de la société et se « démerdez vous sans nous ». Comme interpellé, j’ai alors fermé la page, ouvert un traitement de texte et aligné les mots, comme les 10 qui ornent le back du packaging de Découdre, 10 mots comme autant de dix chansons qui ne finiront par réveiller l’auditeur que je suis. Et là, une question arrive, manque t’il un mot à ce titre. En tentant l’économie, le trio aurait il coupé le titre du disque. Car comment ne pas penser à En découdre pendant ces dix chansons, aux textes bavards sans jamais nous aspirer dans les affres de la nuit noir de l’ennui. Non, car Pelouse en maniant la métaphore et le sens de la phrase choc (Mur) réveille nos consciences, emmenant même notre corps avec cette boîte à rythmes, ce saxophone fiévreux, ces synthés et basses épaisses. Ouvertement politique, jouant avec les dimensions (le vert et le rouge, entre aurores boréales à la mode et lunettes pour regarder une image en relief), Découdre de Pelouse réalise un pamphlet politique et poétique, s’adjoignant le droit de faire front en plongeant l’amour dans la cuve d’acide de la réalité, donnant au virtuel le droit d’aller se faire voir chez les Ours. Apprêtez-vous à tirer un fil qui vous mettra à nu. Vert de rage comprimée.