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Mi avril les organisateurs nous confirment notre participation au festival de Primavera pour un stand et une place s’est libérée pour un concert. Gérald et moi nous prenons un certain Mickaël Mottet dans nos bagages, ainsi que Francis (saxophone) Laura (flûte traversière) et Flavien (Djs bidouilleurs), Jérôme (l’ami et le supporter de la première heure)

Jeudi soir, une fois nos accréditations autour du cou, nous découvrons le site du poble espagnol. La scène du rockdelux côtoie des bâtiments qui transpirent de souvenirs, et au moment ou nous entrons le patrimoine de ces vieilles pierres accueille les vidéos urbaines qui accompagnent le set de Deejee Rascal basses lourdes et big beat old school à l’appui.

La nuit nous apportera ..................une voiture en fourrière et cette première galère réglée, nous montons notre stand, j’ai plaisir à revoir Matt de tex la homa et Juanra de moonpalace que nous avions quitté l’an dernier à San Sebastien. Malheureusement, Tex la Homa jouerons à la même heure que nous.

Le linge pend aux fenêtres et il commence à faire très chaud. Au mieux, le public espagnol doit être en train de manger au pire il dort encore.

Sur fond de boucles enregistrées en direct Angil pose sa voix, Laura glisse des mélodies délicates auxquelles le public peut se raccrocher tandis que Francis et moi cultivons la dissonance au milieu des diverses strates sonores que je crée en parallèle des bandes de Flavien. Trois quarts d’heure de concert c’est peu pour des gens qui improvisent mais c’est assez pour nous dire qu’il faudra recommencer malgré un set amputé de deux chansons.

Arrivé le soir, je n’attends rien de ce qui semble être pour une grande majorité l’évènement de ce festival : la reformation des Pixies. Que dire si ce n’est qu’ils nous ont déjà beaucoup donné et je crains qu’ils ne sombrent dans l’opportunisme malencontreux. Comme avant goût, Wilco distille tantôt une country insignifiante tantôt des ballades sympathiques inspirées par Neil Young et James Mascis pour les passages les plus graveleux.

Des rumeurs courent avant le concert, les Pixies auraient annulé, mais la présence de 4 amplis marshall avec un micro chant devant l’ampli basse dément déjà toutes les rumeurs. Le set débute dans la rage de bomb machine, et la foule exulte de toute part pendant trois quart d’heure d’électricité ravageuse, de tubes imparables "if god is six then god is seven" reprend le public en cœur. Sur Vamos Joe Santiago improvise avec le flegme et l’énergie qui l’ont toujours caractérisé. Kim Deal, en parfait outsider, ouvrira et conclura les rappels (gigantic et into the white).

La musique des Pixies n’a rien perdu de son ambition, de sa puissance et de son évidence. mais une certaine mélancolie ne me quitte pas pour autant car nous avons vieilli et nos références vieillissent avec nous. Qui pourra prendre la relève de ceux qui furent la clé de voûte de la génération inrockuptibles (le mensuel pas l’autre ...) ? Sûrement pas les nouvelles signatures préfabriquées ou récupérées dont veulent nous abreuver les major : ils ont au mieux un goût de cadavres exquis au pire un arrière goût de déjà entendu. Mais j’ai envie de croire encore que la musique à guitare peut exister.

Les guitares, Matt Eliott les utilisent avec génie pour nous décrire avec pudeur, les arcanes de ses schismes mentaux. Les arpèges s’entrecroisent jusqu’à l’agonie, quand ils sont rejoints par ses strates de chants à mi chemin entre Radiohead et des polyphonies balkaniques. Le violoncelle, joué par un compagnons d’armes, égraine quelques notes douloureuses avant qu’un beat filtré ne remette tout en question ; car c’est avant tout l’audace et l’intelligence qui président les compositions de l’ex third eye foundation. L’audace du bruistisme sans complexes, lorsque les rythmiques jungle se noient dans le bruit blanc avant de tirer sa révérence. Mon concert préféré dans le festival, sans hésitation.

Ce samedi soir j’aurais du mal à être fondamentalement convaincu par (Smog). L’indigence technique semble être la règle d’or de ce concert et je suis doublement déçu, car les titres joués sont parmis les plus beaux de son répertoire et parce que je suis un fan inconditionnel. Oui Bill Calahan a du génie mais cela justifie t il un tel mépris pour sa propre musique ? Un avis qui ne sera pas partagé.

Quelques heures plus tard les membres d’Angil pourront goûter aux joies du backstage. Michel Cloup est assis pas très loin devant moi et confie à Francis (Telefax, dora dorovitch) "ca vous plait ? c’est mieux hein PJ Harvey quand elle sourit" Oui PJ Harvey a une mine réjouie et des musiciens hors pairs. Sa prestation est impeccable, assénée sans accroc, mur du son à l’appui. Son prochain album promet beaucoup, son concert est éblouissant.

Si je reste après c’est parce que Kevin SHields est en concert avec un groupe qui s’appelle Primal Scream :) mais je ne supporterai pas très longtemps leur musique même si c’est pour apprécier les apartés vaporeux du guitariste bouffi et livide qui se trouve su la gauche de la scène.

Nous ne ferons plus très longs et je descends sereinement les marches du poble espagnol. Hitomi me manque et je retrouverai le lendemain mes draps pour me souvenir encore dans quelques années de ce beau printemps 2004 .

Compte rendu de Gilles deles (alias lunt).

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