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Avec ma casquette de musicien donc (laquelle laisse forcément mes oreilles découvertes et rougies par le froid ou l’émotion), à la demande de Gérald, je m’essaie à cet exercice qui me semble presque aussi difficile que les tops de l’année. Exercice que je n’ai jamais fait. Parce que ça me semblait trop difficile. Les tops de l’année.

J’ai pensé à des rubriques, type "c’est pas parce que c’est des copains que c’est pas bien", ou "y’a que sur ada qu’on entend ça", ou "La Denrée’s touch", ou "J’y viendrai", puis je me suis vite laissé porter parce que j’écoutais et qui me plaisait, en partant super rigoureusement des premières compilations, que je connaissais peu, pour avancer jusqu’à un peu moins de la moitié (hé, y’a du corpus) et faire un bond sur la n°30.

Angil - No more guitars - Volume 3

Travail harmonique discret, subtil, voix tantôt presque vindicative, tantôt heurtée (va savoir pourquoi "there’s something I should know" m’évoque un jeune Robert Smith), propos et mixage humoresque, tout me plaît là-dedans.

Pollyanna - Frankenstein - Volume 5

Chanson d’amour et d’horreur, délicatesse et nonchalance. Chanson finement écrite et joliment chantée qu’on retrouve dans "Polly and the fine feathers", quelques 10 années plus tard, tout aussi joliment chantée et avec comme un sourire - et un changement de tonalité - supplémentaire.

Ariel Pink - Among Dreams - Volume 6

Y’a que sur ada et Magic qu’on entend ça. C’est bête, mais je suis content de retrouver cette sensation entre le "mais c’est n’importe quoi" et le... "mais, c’est n’importe quoi ?". Je ne comprends rien à cette chanson, ni ce qu’elle fait là ni ce qu’elle veut nous dire. J’aime bien.

The prayers and tears of Arthur Digby Sellers - Concerning lessons learned from the aliens - Volume 8

Oserais-je l’avouer ? Je n’ai cliqué que parce que ça me semblait le duo nom de groupe-titre le plus long du monde et du webzine - et qu’il ne me disait rien. Et j’ai été captivé par le son, l’histoire, et, fichtre, vraiment touché. Quelqu’un sait ce qu’ils deviennent, eux ? (demanda le type qui venait de confesser n’en avoir jamais entendu parler). (NDLR : zont splitté.)

dylan Municipal - Jeune dark - Volume 10

La magie des chansons de dylan Municipal, c’est qu’elles se commentent très bien elles-mêmes.

Kawaii - Les oreilles qui chauffent - Volume 12

La magie des chansons de Kawaii... Non, je vais pas la refaire. Dur, dur. Et en même temps, doux, doux. Un truc aventureux et difficile qui sonne très accessible, et qui laisse tout incertain, entre l’humour, le malaise, et un émerveillement, produisant exactement l’effet que suggère le titre. Chapeau.

(Please) don’t blame Mexico - Your hater’s society - Volume 13

D’une veine franchement kinksienne, à la fois branleur et profond, à l’écriture hyper soignée et à l’apparence désinvolte et délurée, cosmiquement comédie musicalesque, ah faut déjà que je remette le morceau pour terminer ma phrase.

Blue haired girl - Superstitious - Volume 13

Je rangerais volontiers la musique de la troupe de Blue Haired Girl (menée par le discrètement génial Tycho Brahé - hé, je le connais !) dans le genre cher à Comelade des bandes sonores de films jamais tournés... Mais à quoi bon ranger, pourquoi ne pas se contenter de rêver ?

Luca Iorfida - Les pères - Hors Série #3 tribute to Dominique A

Scotché par ça, j’ai tendance à rester muet, mais si j’étais d’humeur polémique, ce serait bien le moment tout de même de dire que je ne souscris pas au purisme de ceux qui tiennent absolument à ce que ça sonne autochtone et cultivé, qu’on chante d’ailleurs dans sa langue maternelle ou pas. Autant les racon-teuses et -teurs d’histoires (cf plus haut) me touchent, autant j’aime bien aussi quand ça sonne étrange et étranger, au point de nous rappeler à quel point nous le sommes. "Le songwriter est celui auquel le langage pose problème", pour paraphraser ma rock-star Roland Barthes. Et Kafka n’écrivait pas dans sa langue maternelle, mais ça je ne suis pas sûr, j’ai lu ça il y a longtemps dans une préface et mes bouquins ont brûlé. Bref.

The Flegmatic - Someone left the door open - Volume 30

Sans doute la même door que celle que Moe Tucker suppliait (précisément) de ne pas fermer dans After Hours, du Velvet... Bénéfique calme et douce beauté quand j’ai failli m’emballer tout à l’heure ! Thomas a une voix et une écriture qui soulagent les frustrés (et je sais de quoi je parle).

Pour les "j’y viendrai", si jamais j’y reviens effectivement, je vous tiens au courant. D’ici là, inutile de me mettre en porte-à-faux en claironnant leurs noms : si ça se trouve, je les aime, en fait. Et oui oui, si ça se trouve, vous aussi.