Unlike you n’aurait pu très bien jamais voir le jour, et rester l’œuvre éphémère qu’un duo aurait partagée en des moments qui devaient demeurer rares. C’est là d’ailleurs toute la difficulté de l’instant de notre monde moderne, où la moindre caméra est toujours là quand quelque chose se passe histoire d’en faire par la suite partager tout le monde, quitte à diluer totalement l’effet ou plus dramatiquement à l’amplifier. Enregistrer en deux semaines ce que l’on a joué pendant plus de quatre pouvait dés lors ressembler à une chambre de torture pour la sensibilité et la peur du vide, comme s’acheter une assurance vie après avoir survécu à un crash aérien. Camilla Munck et Moogie Johnson, puisque ce sont d’eux que l’on parle, sont Danois, et complètent une cartographie musicale mondiale qui avait peut-être oublié à tort de situer la patrie de Preben Eljkar Larsen. Unlike you aurait pu s’appeler sur le fil, non pas que le bourdon soir mental, mais parce que tout cet ensemble paraît bien fragile, joué avec une sensibilité à fleurs de tout même des instruments. On pense à Tarnation dans le dénuement, on pense aux Everything But The Girl d’avant les boules à facette dans un endroit lugubre, on pense surtout à éteindre la lumière, à fermer les fenêtres, à se couvrir d’une couette et à profiter sans fermer un œil d’un instant bien rare et donc malgré tout unique. Munck et Johnson ont réussi le pari de rendre le gravé unique. Une merveille.