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— Qui se cache derrière Mein Sohn William ? qui est Mein Sohn Wiliam d’ailleurs ?Question à la réponse impossible, mais je la pose quand même, le style musicale en un mot ?

Mein Sohn William est un hybride entre un Beck modeste et un Battles plus lo-fi, un admirateur de Bill Callahan et un type qui a trop trainé avec des « geek » qui ont des discussions du type : « En fait si tu mets ta RC 50 en maître avec un SPDsx, je pense que ça fait à peu près le même rendu de compress que la RC20xl avec une DL4 branchée en parallèle sur un pitch de RCA », rien compris....

— J’ai pas entendu un disque aussi barré et facile d’accès depuis les premiers albums de Beck. C’est quoi le dosage pour réussir une telle alchimie, aller à contre courant de tout et au final et accessible à tous (tordue la question) ?

(oui, un peu tordue…mais je vais tenter d’y répondre.)

Je n’essaye pas de réussir une recette. Si ce disque est accessible, tant mieux ! En l’enregistrant, j’ai voulu me faire plaisir un maximum. je pense que c’est ça que l’on ressent à l’écoute. Le prochain album sera peu être beaucoup moins accessible ou davantage, nous verrons !

— Je vois en « Million Thousand People » comme un hymne à proposer pour les années à venir. Il y a dans ce morceau une humanité rare, la vie dans ce qu’elle a de meilleur. Single évident non ?

Les avis divergent. Je suis plus dans le camps de « until the end » en single. Cependant « Million thousand people » est une chanson que je traine depuis 7 ans. Je ne suis donc plus très objectif. Je me souviens, post-ado, dans ma chambre, la chanter à tue-tête devant un piano électronique. Elle n’avait pas la même gueule à l’époque.... Moi non plus d’ailleurs.

— La Carbonnade que tu nous proposes est bretonne ?

Non, non, elle est bien Belge. Elle a trouvé son nom lors d’une tournée dans le plat pays.

— Dans les morceaux qui retiennent plus l’attention il y a bien évidemment le « Our Naked Président ». Outre être quelque chose d’éminemment entrainant, c’est une envolé presque naïve, une façon de tordre le coup de façon iconoclaste à la couverture hystérique d’un évènement majeur ?

C’est bien dit ! J’aurais du mal à l’expliquer mieux que cela. A vrai dire, cette chanson est ma préférée. Je l’ai écrite avec beaucoup de naïveté et en beaucoup de temps. Même si je dramatise la communication d’une campagne présidentielle, l’élection d’Obama est quelque-chose qui m’a et a apporté beaucoup d’espoir.

— La virgule « Tcheque » c’est un hommage à Vaclav Havel ou quelque chose de plus personnel ?

Encore un président ! C’est effectivement un hommage à la musique tchèque. Ce n’est donc pas seulement Vaclav Havel mais aussi Bitova ou Vaclavek. J’aime ce que ces gens représentent en République Tchèque. Ils incarnent non seulement une musique indépendante mais aussi une liberté de créer et de penser une culture jamais au rabais.

— Peux tu nous expliquer la construction d’un titre comme « Until The End » si les secrets de fabrication d’un tel titre ne sont pas protégés ?

Aïe, expliquer « until the end »... Il fallait bien un jour qu’on me pose cette question.

Ben, tu prends toutes tes mélodies qui trainent par-ci par-là. Tu les mets en boite. Tu gardes les meilleures, tu en élimines donc 75 %. Ensuite, tu demandes à Antoine Bellanger ce qu’il en pense. Antoine Bellanger te répond que c’est pas mal mais que tu pourrais faire l’effort d’écrire un texte. À ce moment-là, tu écoutes en boucle pendant 25 minutes avec un papier et un crayon et tu enregistres ensuite la première idée. Voilà, un morceau en une aprem... c’est le paradoxe dans les compositions : presque 6 mois pour « our naked president », une journée pour « until the end ».

— Le disque s’ouvre par « Husband » un titre presque cassavetien. Comme l’image est importante tu visualises tes morceaux, l’image génère t’elle du son chez toi ?

Cinéma ! Je n’ai pas vu « Husband » de Cassavetes. J’en ai vu d’autres (des films de cassavetes), mais pas celui-là. Il m’est difficile de répondre à cette question car nous parlons d’image dans un sens immatériel. Il existe naturellement des images interdépendantes aux sons que je produis. Mais je ne suis ni peintre, ni photographe alors la matérialité qu’elles empruntent est celle d’un médium Sonore. Je suis malgré tout assez heureux qu’aucune image de publicité ne me vienne à l’esprit lorsque j’écoute ou joue mes morceaux.

— En parlant d’image, peux tu nous parler de ta bien jolie pochette ?

Nous étions trois pour la réaliser : Xavier Mora, photographe, Mathieu Lautredoux, graphiste et moi-même. Cela nous a pris environ une semaine (trouver le lieu, fournitures, montage, séance photo). Notre idée principale était de partir sur une première de couverture qui n’avait pas besoin d’une intervention « photoshop ». La deuxième idée concernait l’échelle. En effet, nous souhaitions que la typographie « Mein Sohn William » occupe un espace large. Une fois le lieu repéré nous avons passé 2/3 jours à tisser presque 1000 mètres de laines dans les arbres. Le « Mein » en carton doré c’est parce qu’on commençait à être trop haut, même au sommet de l’escabeau on ne touchait pas la base des lettres...

— Sur scène ta liberté est elle d’être seul, ou préférais tu quand même être entouré par quatre chose que des pédales ?

Ma liberté est avant tout dans mon indépendance mais c’est évident que je me lasse un peu d’être seul. Ça fait 3 ans que je fais de la musique comme ça et j’en vois les limites.

— Tu te vois collaborer avec quelqu’un à l’avenir ?

Même pas à l’avenir mais maintenant ! Dans quelques mois, Mein sohn William ne sera plus un one man band... On sera prêts dans pas longtemps. J’ai hâte !

— Tu préfères que l’on intellectualise ton disque ta démarche ou que l’on garde avant tout le côté foutraque et festif quitte à oublier d’écouter vraiment les morceaux ? tu as déjà gagné sur un point tu n’es pas dans le centre mou.

La musique c’est pour se faire plaisir avant tout. Lorsque j’écoute Dominique A j’ai des frissons, pour Arvo Part, Old time relijun, Colin Stetson, etc., aussi. Bon, évidemment pas pour les mêmes raisons. Pour moi, c’est l’émotion qui compte, que ça donne envie de pleurer, de danser, de crier ou de fumer la pipe en lisant du Descartes… peu importe. L’essentiel c’est que ça touche

— Avec « Megawatt Megawatt » tu as le souhait de transformer les salles de concert en d’énormes salles de transe ?

Oui, c’est un aspect de ce morceau. Il existe aussi pour confirmer que : Non, je ne fais pas de la folk ! Bordel !

— L’avenir ?

Quand j’étais enfant, une salle de spectacle s’appelant « l’avenir » jouxtait mon école primaire. Désormais démolie, c’est l’image qui me vient à l’esprit lorsque j’entends ce mot. Donc lorsque j’entends ce mot qui encourage une vision du futur, c’est une image du passé qui ressurgit. houlala, faut que j’aille voir un psy...

— Le mot de la fin est pour toi

Restons Curieux, Soyons Furieux (cf : Madame Macario) !