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Quand bien même sont-ils déjà dépositaires de titres parus sur les labels Visage Music et Mannequin, nous n’avions jusqu’alors accordé aucune importance aux montréalais de Police des Mœurs (le nom, sans doute). Pourtant, en intitulant leur nouvel EP « Les Mécanismes de la Culpabilité » (beau comme du Michniak, ce titre) et en accolant à leurs six morceaux des intitulés aussi explicites que « Nos Tristesses se Rejoignent Ici », « Ce Sera un Temps de Malheur » ou encore « Tu as Honte Parfois » (dans le même style gai-luron, on propose « j’ai un flingue sur la tempe » ou bien « tu es si triste que je t’offre ma ration de quaaludes » ou encore « la vie est moche et en plus il pleut »), Police des Mœurs, fatalement, intrigue : vaste joke ? Sincère formation dark ? Sans doute les deux… Si le propos s’affirme tellement glauquissime qu’il est impossible d’en soupçonner une pointe de maniérisme, une façon un peu déguisée de jouer à se faire peur, voire de feindre le nihilisme à deux balles pour mieux aiguiser les élans ironiques, Police des Mœurs réussit pourtant à convaincre…

Balançant une synth-pop assez efficace, comme si La Femme avait enregistré son « Psycho Tropical Berlin » dans un bar à putes du 18ème arrondissement parisien, Police des Mœurs, en jouant sur le doublon vocal masculin / féminin, évoque une sodomie non consentante, une partie de baise froide et mécanique, une éjaculation qui ne veut pas venir pendant que Madame s’ennuie à crier pour rien. Puisant dans le plus maussade de Depeche Mode (« Encore une Fois »), cette Police des Mœurs (ce nom, quand même) ressemble, à sa façon indéniablement personnelle, au Droopy du revival synth-pop : si Bill Murray décidait de se reconvertir à l’orgue et aux claviers 80’s, le résultat se rapprocherait sans doute des six titres des « Mécanismes de la Culpabilité ». Autrement-dit : entre le rire de la marmotte Phil (« Groundhog Day ») et la tombe de Pepe (« Broken Flowers »), Police des Mœurs semble aussi rigolard que sardonique, aussi couillon que manipulateur, aussi foutage de gueule que légèrement sérieux …

Police des Mœurs, donc… En attendant la suite (afin de confirmer ou pas nos informes propos), à ce jour « Les Mécanismes de la Culpabilité » renvoie à un Daniel Darc qui n’aurait jamais lu Drieu de La Rochelle, à un Michel Cloup qui oublierait Sebadoh pour ne soudainement jurer que par Ultravox, à un Jacno tellement imbibé qu’en soudaine connivence avec un Lescop à jeun … Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? L’un et l’autre : ce disque est une pochade mais vous serez content de le posséder dans votre collection personnelle. Comme l’écrit Police des Mœurs sur le cover de leur EP : « le salaire de ton péché, c’est l’enfer » (oui, sans doute, peut-être, on hésite quand même un peu, là, les mecs).




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