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Enfin le voilà, ce long format que l’on attendait depuis les deux ep impeccables qui n’ont fait que rendre l’attente plus longue ! Garciaphone, sûrement une des meilleurs choses qui soit arrivée au songwriting en France. D’ailleurs personne ne s’y est trompé, dès le début la ferveur s’est fait sentir (premier ep sold out), les promesses étaient hautes et elles sont surpassées. Autant dire que l’engouement va prendre une certaine tournure avec ce premier album "Constancia" car ce disque est magique, touche la perfection.

Olivier Perez a une longue histoire faîtes de musique et de kilomètres (Suède, Mexique...), voyages durant lesquels il a dû peaufiner son songwriting. Lui qui fût derrière les fûts est devenue une tête pensante pleine d’idées, un Jason Lytle français mais dont la musique est apatride. Après tout, la musique n’a que les frontières de notre esprit.

Garciaphone perpétue une tradition, bilan trans générationnel, comme un enfant spirituel dont les pères les plus évidents sont The Beatles, et leurs homologues outre-Atlantique (The Beach Boys). Voilà pour l’origine, souvent origine de tout, mais on sent aussi des saveurs multiples, Grandaddy forcément (sans les claviers), Sparklehorse (sniff), Elliott Smith (resniff), mais aussi toute la scène alternative 90’s.

Les chansons ? Alors c’est simple : douze pépites, autant de merveilles recelant chacune leur petit truc. Toutes soignées comme s’il s’agissait d’une grande fratrie sans chouchou, c’est rare qu’en douze morceaux on évite à ce point le remplissage. L’album est parfaitement équilibré et l’ordre des titres tient de la composition lui aussi. "Bad Sheperd" envoie le propos très loin dès le départ, et je sais déjà que ce titre m’accompagnera, je vais le siffler dans mes moments de solitude, le chanter quand je serais joyeux. Un titre parfait pour une b.o ! "Pt. Cabrillo" touche au sublime, haaa cette fin ! J’en veux encore et encore ! J’ai découvert ce titre lors d’un concert de Garciaphone sur un toit de Metz (merci Hervé Jacquemin pour cette idée merveilleuse). Oui sur un toit ! Vue panoramique à partir du 6ème étage, cathédrale, colline, et Garciaphone faisant un concert à part, véritable expérience. Ce morceau m’a aussi fait croire qu’on était bien plus haut qu’on ne le croyait !

Je ne vais pas vous détailler chaque chanson, ça deviendrait, contrairement à cet album, totalement indigeste. Plutôt en relever certaines et vous raconter cette humeur étrange qui en ressort. Comme une lumière tamisée, un rayon de soleil qui passe à travers les feuilles, soudain blanchi par un nuage mais toujours là. "Constancia" est un morceau qui combine un peu tout ce qui fait de Garciaphone un groupe à part, au dessus. Efficace, impression d’immédiateté, mais derrière une certaine complexité d’écriture, et un son teinté d’une nostalgie saine et sans remord.

"Tourism" nous rappelle que le rock est bien là, mêlé pour le meilleur au folk et à la pop. Et oui on entend bien que les 90’s ont laissé leurs traces, tant mieux !!! (oui je suis un chauvin générationnel). Le morceau laisse une belle petite partie instrumentale qui s’envole et pousse le relief pour mieux revenir au calme avec "Two wounded hearts" qui me rappelle un peu Hayden dans ses moments éclairés (In Field & Town). Lancinant, paisible, aéré, qui sera encore une fois contrebalancé par l’instrumental et bien nommé "Thou shall not talk shit" et son rythme nerveux. Avec Garciaphone on n’est jamais à l’abri, quel que soit le contexte, d’une mélodie qui restera en vous les prochaines années ! J’y ai beaucoup apprécié les panoramiques de guitare, et à ce propos bravo au travail de mix (Peter Deimel) et de master (John Golden). Chez Talitres (et aussi chez son précédent label Kütu Folk) la qualité prime. Aussi, dans les plusieurs degrés qui font la qualité de Constancia, il y a la production parfaitement équilibrée, belle et profonde mais surtout naturelle.

"Lukoie" est à lui seul un petit chef d’œuvre. Les harmonies vocales, le refrain, c’est du travail d’orfèvre ! L’horlogerie suisse appliquée à la musique, émotion et composition. J’aurais aussi bien pu attribuer ce titre à "Pantomime". Et puis après tout je fais ce que je veux ici !!! Je pourrais même déclarer douze ex aequo ! Abus de pouvoir ? Certes...ok vous avez gagné : je limite donc mes ex aequo à deux. "Pantomime" est l’exemple même de la mélodie douce et évidente que la plupart des songwriters passent des heures à chercher, seuls dans leur chambre avec leurs posters d’idoles passées déchirés, des souvenirs de bonheurs légers en tête. Cherchant au fond à être naturel, à se coucher en note, se peindre mélodiquement. Bravo, le portrait est superbe !

Mais je suis sûr que pour certains d’entre vous "Forgetter" fera le même effet. Un morceau qui ressuscitera certains disparus. Je suis persuadé que Mark Linkous pourrait rôder lors des concerts et joindre sa voix fantomatique à l’ensemble ! Un ensemble fort bien mené, bien utilisé, sûrement à grand renfort de patience. D’ailleurs cette même "Patience" clôt l’album en guitare/voix, comme pour rappeler qu’avant tout l’art du songwriting se cultive seul, mais pousse mieux avec le soleil d’un bon groupe soudé et de l’engrais que des accompagnements bien dosés aideront à magnifier.




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