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Il faut bien se l’avouer, musicalement l’Islande à la longue finissait par nous gonfler autant que les éditos cramés d’un Antoine De Caunes obligé de rire pour ne pas avouer le grotesque du spectacle télévisuel dont il est lui même l’acteur.

Car oui, mes disques de Bjork prennent la poussière et ceux de Sigur Ros finissent par ne faire qu’un par je ne sait quel tour de passe passe. Souvent aussi glacial que le climat, jouant avec la dualité de ces terres vivantes et brulantes et la glace qui la recouvre, les musiciens s’amusaient, souvent en faisant la tronche, à nous donner des coups de grisous émotifs. A la longue nous nous demandions comment ce petit pays pouvait avoir des esprits aussi malins à nous vendre les mêmes disques, et réussir une banqueroute totale. Hjaltalín est peut être un début de réponse, tout à la fois positif et nous donnant la frousse. Avec ce nouvel album « Enter 4 » Högni Egilsson a probablement à son corps défendant, décidé de tout bazardé, de changer le bordel qui règne dans sa tête, l’entrainant pour des stages dans les hôpitaux psychiatriques. Lui qui porte le projet, semble le faire éclater sur le ventre d’une fusée pyrotechnique, faisant de Hjaltalín un sorte de Flaming Lips européen, un groupe qui monte aussi haut qu’il descend, qui se joue des codes pour mieux se les approprier et pour les façonner à son image. Ici la Funk, le Dub, quelque part aussi la pop sont dans des situations dangereuses, voyant dans un miroir qu’avant « Enter 4 » ces styles se morfondaient dans un classicisme tout aussi narcissique que fainéant.

On ne compte plus tout au long de cet album les moments qui nous semblent uniques, sublimes et terrifiants à la fois. « Ethereal » qui clos le disque par exemple, piano voix, pureté, émotion, mes doigts à cet instant pleurs (mes yeux coulent aussi) de ne pouvoir vous écrire, vous décrire la profondeur d’un titre pareil. On pourrait d’ailleurs vous parler de quasiment l’ensemble de l’album. « Lucifer / He Felt Like a Woman » (titre improbable) gronde avec sa basse surpuissante, comme une résurgence sous la glace de l’insecte de massive Attack. « I Feel You » sera un lien parfait, ici tout est lourd au ralenti, lourd sauf le chant qui montera de plus en plus, nous faisant monter à la gorge une boule que nous aurons du mal nous défaire, une émotion forte, la souffrance transcende, mais parfois abime.

Mais je vous vois venir, encore un disque à se mettre une balle dans la tête. Mais non car Hjaltalín vous fera danser aussi. « Crack In a Stone » se promène, et nous ballade intelligemment sans aucune suffisance, limite crooner qui arpenterait un champs de colza plutôt que brillant sous le spots d’un studio télé circa 1963. Tenez je vous parlais de Bjork, avec « On The Peninsula » elle prend une leçon d’écriture, d’arrangements, de chant de classe, de tout ce que vous voulez. Ici sous le bordel supposé nous touchons à la perfection, un titre qui pourrait très bien s’accommoder des images d’un nouveau film de David Lynch dans une banlieue chic des USA dans les années 60, là ou sous le clinquant se glisse la moisissure. Arrive alors « Letter To (…) » tube imparable de ce disque, un trip funk aux violons splendides, l’apogée d’un disque qui ne manque pas de pic. Et que dire de « Myself » et « We », chansons qui semblent se répondre, frôlant par moment la catastrophe sur « We » mais arrivant, à l’image du groupe de Wayne Coyne à transcender ces relâchements supposés, les faisant exploser dans le ciel avec grâce et maestria.

Un disque de malade pourrions nous clore facilement cette plongée dans un cerveau bouillant à l’intérieur et froid sur le dessus, comme ce pays dont il sauve la musique, lui donnant un attrait nouveau et sans commune mesure. Un des disques de l’année, peut être même un de ses chefs d’œuvre. Donnez vous la peine d’entrer.




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