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« Oh bunny you’re so fine but you think you live in 69 » chantait Emmanuelle Seigner sur l’album de ses comparses Ultra Orange. Et en effet : cette sentence lapidaire mais parfaitement bien sentie, nous aimerions actuellement l’adresser à de nombreux groupes français se la jouant délinquants rockab mais qui, en cas de véritables bastons, se retrouveraient tout penauds, tout chétifs, sortant un couteau en plastique pour contrecarrer le cran d’arrêt de rigueur. A trop écouter les compiles Nuggets, les jeunes groupes français n’ont pas remarqué que le rockab est une affaire de voyous, de sales gosses s’éclatant la gueule pour le simple plaisir de la cogne. Le rockab annonçait la terrible haine véhiculée par les premiers soubresauts du punk (lorsque Nick Kent, en 76 au « 100 Club », se faisait tabasser par Sid Vicious). Au lieu de ce retour à la violence (viva hate !), la jeunesse rockab ressemble à une classe de maternelle : bien peignée, carrée dans les angles, incapable d’assumer une bonne baston pour le simple plaisir de fracasser des tronches, cette jeunesse post 60’s est bien trop embourgeoisée pour s’en remettre à la radicalité espérée (en place du destroy : une musique d’ados pour ados piquant du nez à la moindre goute de sang).

Sur ce point, les Nine O’ Nine sont salutaires. Ultra garage (donc punk), ce groupe limougeaud se contrefiche de votre (notre) appréciation. Aimez-les ou détestez-les (ici, on adore), les Nine O’ Nine vous (nous) emmerdent et ils ont bien raison : sale, méchant mais mélodique, enfin un groupe français puisant dans le plus crade des 60’s, les mains dans le cambouis, paré à éclater la gueule des fayots et des pseudos-punks toujours dans les jupes de leurs mamans.

Nine O’ Nine, cela pourrait tenir en une phrase : radical mais authentique. Cela manquait à cette France engourdie, trop gentille ; cette France qui veut flatter l’abstinence plutôt que de semer la rébellion chez le sauvage. Au moins, parmi leurs nombreuses qualités, les membres de Nine O’ Nine rappellent que la colère, la violence et l’insurrection posséderont encore et toujours un droit à la légitimité. Lorsque tout part en vrille, inutile de s’en remettre aux économistes atterrés, mieux vaut ouvrir le feu et dézinguer sans quartier (façon nihilisme carpenterien ou ferrarien)… Nine O’ Nine, président de la République !




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