Découverte via l’excellent album dvd de Jean-Louis Murat « Parfum d’Acacia au Jardin » Camille avait suscité chez moi d’abord soyons franc une attirance pas que musicale. Ensuite elle arrivera sur le fil à m’attraper pour ses efforts solos ou chez Nouvelle Vague. Puis elle commencera à m’agacer avec « Music Hole » et des performances pendant lesquelles c’est la scène qui s’amusait beaucoup trop par rapport au public, avant de carrément me gêner quand par exemple elle essayera de faire chanter François Hollande, alors président de la République, lors de la fête de la musique, rendant presque Jack Lang quand celui-ci essaiera d’extirper François Hollande de cette situation….gênante.
L’arrivée d’un nouvel album éveillait un intérêt quasi malsain, attendant de voir et d’entendre ce que cette « nature » allait pouvoir encore essayer de nous refourguer afin de combler les programmes de la prochaine saison des Maisons de la Culture de nos provinces. J’ai perdu mes premières défenses à l’écoute du premier titre dévoilé, le très beau « Fontaine de Lait », titre à la grâce quasi surnaturelle, mais Camille avec "Ouï" touche à cet état, parvenant à léviter au-dessus du sol, du moins en parti (la chute est parfois terrible quand elle tente une fable écologique.
La première partie du disque en tout point remarquable ("Seeds" belle plante évoluant au milieu d’une maitrise de percussion avec encore une fois legerté et grâce) cachera certains errements de la suite. On y trouvera des mélodies enchanteresses. Des mots comme des notes, laissant le sens pour la vie. Un rappel à la tradition, aux chants médiévaux (l’album sera enregistré en la Chartreuse Notre-Dame-du-Val-de-Bénédiction) à la tradition orale qui ici se déploie dans un plaisir vocal. Dans un élément totalement organique grâce à une production soyeuse, précieuse en un mot remarquable, Camille peut se donner à nous, sans cabotinage ou sortie de route gênante (peut-être sauf sur "Twix", qu’elle pourra peut-être faire chanter à un Nicolas Hulot, dindon d’une farce encore plus grosse que celle de la fête de la musique de Hollande).
Le disque est tout aussi apaisant qu’il réclame des arabesques de nos corps. Une ode au chant, un précis des sonorités syllabiques, Ouï est une bulle de savon qui jamais n’explose, et qui nous transporte au centre de ses beaux reflets arc-en-ciel. Un grand oui.