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Qui n’a jamais voulu maitriser le temps, le faire durer quand le bonheur est là, ou le compresser quand le confort n’est qu’un mot utilisé par les vendeurs de literie, les camelots des temps modernes. Avec "A river of many things" quatriéme album de Jocari il y a un paradoxe, enfin un terrain de confrontation entre nous et lui. Nous n’en pouvions plus d’attendre de ses nouvelles, égrenant les pages de notre éphéméride que nous jetions dans une corbeille, comme nous jetterions une bouteille à la mer. Nous n’avions rien pour l’empêcher de ce distendre et nous guettions avec effroi le moment où l’oubli finirait par obscurcir notre profondeur de vue.

De son côté Fabien Larvaron, alias Jocari creusait un peu plus les sillons du terrain sur lequel il récoltait depuis plus de 10 ans, faisant entrer sa folk dans quelque chose de quasi contemplatif, rejoignant le Deadman de Jarmush dans la lenteur, laissant ses fruits (chansons) arriver à maturation afin de les cueillir.

Loin d’être un long fleuve tranquille, le disque charrie des tranches de vie qui arrivent à ne pas être englouties sous les eaux, surnageant, survolant presque, tant la finesse (les arrangements qui arrivent à la moitié de « A Line to Aline » nous portent avec une gracilité rare) et non la légèreté, est une clé de la grandeur de ces morceaux aux longs cours (5 morceaux qui dépassent tous les 8 minutes).

Anachronique dans ce monde où tout est accéléré, cet album de Jocari est bien plus qu’une respiration à s’accorder, c’est presque une des clés pour un art de vivre nouveau, un idéal à s’offrir sous peine d’accélérer encore plus ce monde qui déjà nous échappe et nous oubli. Un long fleuve, pas si tranquille, mais sur lequel il est nécessaire de naviguer.




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