Fruit d’une rencontre avec le nouveau cinéma allemand, d’un voyage entre les Alpes italiennes et le Portugal, pour finir entre les mains de Jacco Gardner, ce premier album de Bitter Moon (Réka Csiszér et Simon Bernardoni) est une petite merveille d’un style qui leur est collé, l’Audiocinema.
Masterisé par Simon Heyworth qui a entre autre à travaillé avec Tangerine Dream et le maître Brian Eno, « The World Above » est un album d’une musique qui nous pourrions appeler abstraite, mais s’extrayant des règles de l’abstraction pour se rendre audible. Car « The world Above » est un disque dans lequel nous ne rentrons par effraction, mais dans lequel il est difficile de sortir sans essayer de tout démêler, de l’ensemble des pièges, des propositions que le duo nous offrent.
C’est avec un Optigan mourant et de quelques synthés analogiques (dixit la feuille de presse) que Réka et Simon ont construit, échafaudé la structure même du disque qui lui semble se composer comme la bande son d’un film imaginaire, probablement dans un Berlin d’après le mur, dans la fusion de la liberté et de l’enfermement sur une terre neuve où tout était à construire. Dansant (Eva) et planant, l’album ne refrène jamais une forme de "tribalité" presque animale, laissant le corps se confronter au cérébrale, qui a demander à ce dernier de prendre des vacances loin de lui.
Disque malin, imaginatif, ambiant et rythmé, « World Above » renferme des petits trésors, comme un scénario du Wim Wenders de la grande époque se pliant à un dogme perdu dans un coffre personnel de Fritz Lang. Théâtral et électronique et minéral.