Découvert il y a une éternité sur une compilation du label Un Dimanche, Apple Jelly avait quasiment disparu de nos radars, et pour cause. Depuis 2013, alors que le successeur de « Nanana Club » était en chantier, celui qui était à la base le deuxième album du groupe a bien failli n’être que le second, son successeur se voyant recouvert comme Elon Musk recouvre un prototype, d’un drap, à la fois pour oublier, mais aussi pour garder de côté au cas où.

C’est l’an dernier que SLip et BEnn, rejoint de nouveau par Fat Kick Joe, reprirent ce travail inachevé, confiant à Bruno Preynat le mix afin de lui donner une couleur plus en phase avec l’époque, car en musique plus qu’en tout autre chose, si les cycles sont légions, le son lui n’a de cesse d’évoluer comme une spirale revenant toujours à sa place, mais sans le même éclairage, donc pas vraiment pareil.

Fort d’une utilisation en live pendant sa conception, « Die, Motherfucker ! Die !!! » est un album qui respire le contact direct. Les titres sont charnels et transpirent au propre comme au figuré de quelque chose de physique. Métronomique sans être abrutissante, la rythmique comme celle de Pat Mahoney pour LCD Soundsystem est un guide savant connaissant sur le bout des baguettes le système des pulsions réactives d’un corps. La connexion avec les groupes d’Al Doyle que ce soit LCD Soundsystem ou Hot Chip est évidente tout comme celle plus récente avec des choses comme Billie Eilish. L’ensemble du disque qui commence par le tonitruant et montueux titre éponyme de l’album (énergie dévastatrice à retrouver à la fin avec un « Money Me », véritable disco punk d’un histrion rigolard) est une plongée une boule d’énergie qui arrive à échapper à un des écueils que pouvait être le temps qui avait passé. Mais Apple Jelly montre avec ce retour qu’il avait probablement déjà du temps d’avance, la preuve dés 2013, ils écrivaient « The End of Our Age », et là vous ne pouvez nier qu’ils tapent encore dans le mille et défie notre calendrier de vie.