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On ne saura jamais si c’était tout autant une fierté qu’un poids sur la volonté de créer, mais appartenir à l’un des groupes quasi sanctifiés de la scène pop (même si nous étions très loin de la pop) doit être une charge à porter ad vitam aeternam. Être connu pour sa participation à Talk Talk vous me direz qu’il y a pire comme signe de distinction (demandez à Johnny Marr s’il aime être systématiquement rattaché aux Smiths !). Réussir à s’extirper de cet univers est certainement une gageure, mais indirectement Tim Friese-Greene y parvient sur ce projet Short-Haired Domestic. En jouant avec la complexité des structures, avec la modulation des sons, mélangeant du breakbeat avec des échantillonnages, des scratchs, des rythmes funk ou latino, de la guitare acoustique, Tim s’approche du mur à post-it d’Eno, en chapardant la lucidité du mélange et de la structuration par le hasard pour construire des morceaux contre lesquels nous nous loverons. Car la musique de Tim est ici rieuse et porte en elle tout ce qu’il faut pour nous déstabiliser en s’amusant, nous ramenant toujours sur le bon chemin avec une ligne infatigable qui traversera les morceaux. Mais la musique serait probablement vaine si elle ne portait pas le chant de sa compagne Lee Friese-Greene, connue par les plus anciens d’entre vous pour avoir officié dans le groupe Sidi Bousaïd, qui a entre autre à son tableau d’honneur une Black Session de chez Bernard Lenoir (nostalgie mon amie). Ici, elle joue avec les langues et sa voix. Les chansons ont toutes le même titre avec langue différente (« A Song in Danish », « A Song in Japanese », « A Song in Yoruba » ), chacune ayant un sous-titre non dénué d’un humour très british. On notera entre autre que « Song in Latin » parle de l’importance d’avoir des chaussures confortables, que « A Song in Bulgarian » est une ode pour les buveurs de Gin, que « A Song in Hindi » est une aide musicale pour les insomniaques ou que « A Song in Spanish » est une attaque contre ceux qui conduisent de grosses voitures pour montrer leur puissance comme un sous-entendu grossier de leur puissance sexuelle. Les neufs morceaux (l’album comprend trois radio edit de 3’45 en plus.) regorgent de rencontres sonores étonnantes, d’un bonheur simple de faire une musique jouant avec la complexité avec une facilité étonnante. Une pop aux structures complexes pour un album décomplexé et mélancolique, non dénué d’une humeur badine qui fait du bien.




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