Une voix haut perchée, voir maniérée dirait un de mes amis cultivateurs un dimanche matin en prenant le café, ajoutant en plus une petite phrase qui ne pourra qu’être censurée ici. Une musique aussi baroque que barrée qui semble emprunter tout autant à Handel qu’à Tortoise ou encore aux oubliés de Gene (pour les jeunes Gene n’a fait que bouillir pendant la période dite de la brit pop et sa guerre froide entre Oasis et Blur). Un lieu, Manchester, berceau évident de la musique que nous aimons tant ici.
La force, arriver à nous faire écouter et aimer une musique qui parfois frôle la caricature. Prenez « Decided Knowledge ». Ce morceau à la construction chaotique fait cohabiter des artefacts circa le pire des années 80 avec quelque chose de plus précieux, voir de carrément génial. Et c’est toute la fascination qu’engendre ce disque. Comment réussir à mélanger le pire des génériques des séries tv à la découverte de l’électronique, avec une musique plus précieuse et un chant sachant faire autre chose que déclamer son soucis avec l’humanité entière car il n’y a plus de Nesquik pour les gamins un matin. Parvenir à nous donner des nausées (certains sons de guitare pourraient donner des idées aux chantres du retour de la peine de mort) tout en nous régalant la seconde suivante, exercice d’un funambule que l’on imagine habillé en un clown blanc qui aurait découvert la couleur (comment lui mettre un visage, avec du gris ?)
Si les chansons résonnent comme du Ken Loach, le réalisateur anglais serait ici invité à tourner son film en costume, et si possible sur des échasses. Avec ce quatrième album, le premier à arriver jusqu’ici, Dutch Uncles donne un coup de ripolin à la pop fatiguée, faisant certes du neuf avec du vieux, avec cette touche un rien iconoclaste qui nous affirme que tout cela n’est pas grave. Etonnant non !