Avec ce 3e album studio « Industrial Symphony » (2020), Julia Bondar continue de brouiller les pistes musicales avec autant de finesse et de détermination que les figures fractales peuvent s’offrir de façon majestueuse et invisible au monde. Originaire d’Ukraine et résidente barcelonaise, sa musique électronique est à l’image de l’électron libre : affranchie de tout noyau atomisé par des scènes et des genres musicaux préexistants. Sur un tempo qui se stabilise dans toute sa suavité autour de 120 bpm, sa techno modulaire offre ce qui manque bien souvent à la musique entièrement assistée par ordinateur : une incandescence brute, hypnotique et organique (comme sur l’envoûtant « Fire » avec Nero Bellum) qui relève dans les arrangements toute sa pertinence électroacoustique, le tout enregistré et mixé à la façon d’orfèvres par Andreas Zhukowsky (co-fondateur du label de synthés modulaires et de production Endorphin.es), Gaël Loison (Maman Küsters, Dale Cooper Quartet & the Dictaphones, MonoB vs. NoroE, Noroeste) et Alan Lockwood. En filigrane, le souffle mythique du vent qu’on imaginerait passer dans des plaines de champs de blés métalliques (voir costume d’Ivan Frolov sur la couverture LP) jusqu’aux roches escarpées des versants marins, comme illustré dans la vidéo « Inner », donne corps à une beauté cosmique sobre, sombre et sauvage :

Rarement aura-t-on vu scéniquement autant de communion charnelle avec des outils modulaires pilotés à la perfection par cette prêtresse de l’électronique du 3e millénaire, comme on pourra aussi l’apprécier en version live (« Modular Techno Live », sorti fin 2020) comprenant notamment quelques morceaux de l’album ainsi que le nouveau single « Enchanted » (à noter que la version studio de ce single a été mixée par l’influent DJ canadien Glenn Morisson). Prestations sonores et visuelles exaltantes à admirer lors de maintes performances en intérieur, telles que home studio et scène, ainsi qu’en extérieur (comme ici dans les Bardenas Reales) que Julia offre à son public grandissant :